

Aurais-je
un peu abusé hier? 227 km, c'est pas raisonnable.
Aujourd'hui je suis planté, scotché au bitume. En outre,
le relief n'est plus le même. Aprés une première
partie en descente, je me retrouve au pied du mur.
A Jaen, la montagne
me barre l'horizon. La chaleur est impitoyable. J'essaye de ne penser
à rien, je marche à côté de mon vélo.
Le paysage est splendide, je domine la ville de Jaen.
N'ayant
plus la force de monter à vélo, je marche, je marche...
J'imagine
à cet instant, les aventuriers qui partent parcourir à
pied notre planète. Je découvre la lenteur de ce moyen
de propulsion.
A Los Villares, je ne m'arrête que pour le plein d'eau. Le village
écrasé de chaleur semble endormi. Tout le monde fait
la sieste.

Je
reprends la route, en marchant. Deux heures que je marche, quelques
rares véhicules me dépassent, sans porter plus d'attention
que cela.
En ce moment,
j'essaye de gérer au mieux la défaillance physique.
Surtout pas d'affolement, la seule chose que je risque c'est l'insolation.

Je
suis naze de chez naze, quand un automobiliste, boulanger de son état,
accepte de me prendre dans son véhicule utilitaire.
Oh! rien de
bien inacceptable pour mon éthique personnelle. Cinq kilomètres,
cinq petits kilomètres tronqués sur une traversée
de l'Espagne nord-sud de 1600 km.
En tout cas,
ce bref intermède me permet d'économiser quelques forces
dans cette montée sans fin. Et surtout de me refaire la cerise
pour une fin d'étape, certe chaude, mais au parcours moins
impitoyable.

De
Alcala la Real à Priego de Cordoba, j'emprunte la A340.
Je devine un changement d'atmosphère ce soir. Je suis dans
la province d' Andalousie. Les regards sont plus sombres, le port
plus altier, l'Andalou est fier.
L'architecture,
elle aussi change. Plus colorées, les habitations portent la
marque de l'Afrique du nord. Les villes et villages sont tous blancs.
Les patios fleuris apportent à l'ensemble une gaieté
et une douceur particulière. Souvent, une fontaine placée
au centre, rafraichie les familles qui aiment à palabrer autour,
de longues heures.
Ce soir, les
rues s'animent. Les hommes tout de noir vêtus, chapeau vissé
sur la tête, affichent leur penchant macho au côté
de leur belle Andalouse aux seins brunis.
Mais où
vont-ils donc, ces hommes quand ils s'en vont?
Faire la fiesta, boire un petit coup de Jerez, ce vin mondialement
connu, manger des tapas, ou danser le flamenco.
Ce vent de liberté
souffle sur une jeunesse dynamique dont l'optimiste affiché,
contraste avec l'austérité des provinces du nord de
l'Espagne.
Cette ambiance
suffît à me faire oublier la difficile et brûlante
journée que je viens de passer...
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