Chine 2013
Turfan ou Tourfan, prononcé Tǔlǔfān par les chinois Han, et Turpan par les ouïgour, est une ville-oasis située dans la région autonome ouighoure du Xinjiang, en Chine.
Tourfan est depuis des siècles le centre d'une oasis fertile, avec une importante production de raisins, et une importante cité commerciale de la Route de la soie.

Plusieurs rues de Turfan sont recouvertes de treillis sur lesquels pousse de la vigne grimpante.
Elle est située à environ 150 km au sud-est d'Ürümqi, ma prochaine grande étape, une ville au nord de la dépression de Tourfan. Cette dépression, longue de 240 km, est réputée pour être balayé par des vents violents plus de cent jours par an.
La majorité de la population est représentée par les Ouïghours pour environ 70 %, pour 22 % pour les hans et 7% pour les Huis. (source Wikipédia).

Ce matin toute la ville est au "raisin sec". Enfin, pas tout à fait, car il faudra attendre quelques semaines pour faire sécher les fruits. Une partie de la récolte est réservée aux raisins de table. c'est celui-ci que ce matin, les femmes et les enfants trient méticuleusement.

Toutes ces belles grappes, sont rangées dans des caisses en plastique, avant d'aller inonder les étals des marchés environnants.

La ville est située à 80 m sous le niveau de la mer. Les précipitations y sont rares. Pourtant elle ne manque pas d'eau car elle a toujours été alimentée par un réseau de près de 500 karez qui totalisent plus de 1600 km de tunnels à 70 m de profondeur.

Ce système d’irrigation qui fonctionne depuis plus de 2000 ans consiste en une série de puits reliés entre eux par des canalisations souterraines qui transportent l’eau de fonte des glaciers, jusqu’aux oasis.


Si le raisin qui fut introduit à Turfan il y a 2000 ans, constitue la principale production, elle n'est pas la seule. Dans cette oasis fertile, au climat chaud, on cultive les melons, les cacahuètes, les abricots et nombre de légumes.

En me rendant à vélo au minaret d’Emin situé à 3 km à l’est de la ville, je me rends compte combien le raisin a pris une importance économique dans cette région.

Le minaret d'Emin, fut construit de 1777 à 1778 par Emin Khoja, le souverain de Turfan. C'est une tour circulaire de 44 mètres de haut. Le palais de ce même Emin Khoja se trouve tout près de là, ainsi que sa statue.

C'est avec un réel plaisir que je me balade tout autour de cette architecture de style afghan, un des joyaux architecturaux de la Route de la Soie. Cette tour faite de simples briques séchées au soleil, décorée de motifs géométriques et floraux se détache sur le ciel d'un bleu parfait.

A proximité du minaret se trouve la mosquée.

Je regrette qu'on ne puisse accéder au sommet du minaret. Je dois me contenter d'admirer les alentours, du haut du parvis cerclant l'ensemble des édifices. Le vert des vignes tranche avec la couleur ocre dominante, des tombes et des différentes constructions proches.

Après avoir admiré les splendeurs de Boukhara et de Samarcande, j'estime que Turfan possède elle aussi des trésors architecturaux qui ne dépareillent pas. Ma route de la soie à vélo me réservera t-elle d'autres bonnes surprises avant Xian?

Avant de partir en voyage, je me renseigne un minimum sur les choses intéressantes à découvrir sur l'itinéraire que j'ai tracé. J'emporte aussi un guide papier style "le routard" ou le "petit futé". Sauf qu'une fois sur place, ce guide reste bien souvent au fond d'une sacoche. A ce niveau j'aime l'improvisation, ce qui n'est pas le cas pour mon matériel dont je répertorie chaque pièce avec soin et précision. Chaque détail compte, pour éviter les ennuies.
Me laisser guider par mes envies ou mes rencontres diverses m'offre l'opportunité de sortir vraiment des sentiers battus. A contrario, cette façon d'agir à l'inconvénient de parfois me faire passer à côté de certains "incontournables". C'est seulement à mon retour, en me documentant pour élaborer ce site que je m'en rend compte...
Ainsi de mon séjour à Turfan et de ses environs, je ne garderai pas de souvenirs de "la vallée du raisin", de l'Ancienne Cité de Jiaohe, de celle de Gaochang, des Grottes aux 1000 Bouddhas de Bezeklik, des Tombes d'Astana et des Monts Flamboyants. Autant de curiosités situées dans un rayon de quarantes kilomètres, dont je me promet d'ajouter à ma prochaine escapade.
Turfan sera en effet, le point de départ du futur et avant dernier tronçon de ma route de la soie...

Il existe à Turfan un musée "Turpan Karez Paradise". Habituellement, rien que le mot musée me fait fuir. En lisant l'inscription à l'intersection d'une route, je me dis que c'est peut être l'occasion d'en connaitre davantage sur l'histoire de ce gigantesque réseau d'irrigations vieux de 2000 ans, composé d'innombrables puits verticaux, reliés à des canaux et des réservoirs souterrains.
En arrivant à vélo sur les lieux, mes craintes sont immédiatement justifiées. Les nombreux touristes, presque essentiellement des chinois, patientent dans une queue qui ne finit pas de s'allonger. Les gosses piaillent, se vautrent par terre, quémandent glaces et sodas.
Dans l'enceinte, les vendeurs de souvenirs multiplient par dix le prix des souvenirs pour les étrangers.
Vite fuyons!
Je trouve refuge dans la rue. Une jeune femme ouïgour s'active à me préparer d'excellentes crêpes garnies de viandes et de légumes. La traditionnelle théière complète mon déjeuner.

Malgré la chaleur accablante, je décide de pousuivre mes visites du jour. En arrivant tard hier soir, j'ai repéré à l'entrée ouest de la ville ces fameuses constructions de briques, édifiées dans le désert.

Ces séchoirs aux briques ajourées sont utilisés pour sécher le raisin. Après avoir installé à l'intérieur des mats en bois, on y suspend les grappes de raisins. Au bout de 50 jours, déshydratés par les vents du désert, le raison sec est prêt à la vente.

En m'égarant sur quelques chemins de traverse, une immense cheminée dominant le paysage environnant, attire mon regard et attise ma curiosité. Empruntant un chemin poussièreux, je laisse perplexe la gardienne des lieux. Doit-elle me laisser entrer? Telle est la grande question qu'à mon intrusion, elle se pose.
Ne vous inquiétez pas, chère Madame. Je suis bien équipé, je porte un casque. Je la laisse à ses questionnements. La pauvre, un point du réglement intérieur doit lui échapper...
Je suis dans une fabrique de briques. Ces fameuses briques que l'on voit partout ici.

Cette journée passée à Turfan, ville encore épargnée par la modernisation et véritable oasis au milieu du désert, restera un de mes meilleurs souvenirs de cette échappée à travers le Xinjiang.
Ce soir, en dégustant ma bière bien fraîche, je rêve secrètement d'y revenir dès 2014...
Page suivante