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Route de la soie 2007

TURQUIE - GEORGIE - ARMENIE

                    

 
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Les cartes ont été prises à partir du site du guide du routard. http://www.routard.com

Etape16: Ahalkala-Spitak

 

         

 

         Une longue, très longue journée se présente devant moi. Aujourd'hui , je change à nouveau de pays.
Comme j'en avais fait la promesse à mes compagnons d'un soir, ce matin je m'arrête à l'église arménienne d'Ahalkalaki. Cette ville située dans une région montagneuse et isolée du sud ouest de la Géorgie est un berceau de la chrétienté nationale. De nombreuses querelles entre les Eglises arménienne et géorgienne à propos du patrimoine religieux attisent des tensions en Djavakhétie. Issue d’un croisement des espaces géorgien, arménien et turc et constitutive du grand royaume géorgien du XIIe siècle, sous contrôle turc dès la fin du Moyen Age, elle a ensuite surtout été peuplée de musulmans aux origines controversées – turques ou géorgiennes.La conquête russe a engendré d’importants bouleversements : les populations musulmanes ont été échangées avec l’Empire ottoman contre des Arméniens chrétiens. L’arrivée d’Arméniens fuyant le génocide en Turquie entre 1915 et 1921 a, elle, renforcé le caractère arménien de la région. Voilà pourquoi l'église arménienne est si présente en Géorgie.

       


        A 6 heures du matin, la ville s'éveille doucement. Aux pieds des barres d'immeubles, des constructions de métal rouillés par le temps, servent d'abris aux plus démunies ou même parfois d'échoppes en tout genre.


                                       

       A la sortie d'Ahalkalaki quelques belles maisons fleurissent au bord de la route qui part pour l'Arménie toute proche. Avant de m'élancer sur les pistes je fais le plein de mes bidons. Avec ce genre de fontaine ce n'est pas facile .
L'itinéraire emprunté ce matin n'est que le prolongement de celui de la veille. Je suis des yeux le tracé de ma carte accrochée à mon porte-carte fixé sur le guidon. La P1 n'est qu'une ancienne route au revêtement complètement défoncé. Les quelques rares voitures et camions qui l'empruntent pour rejoindre l'Arménie circulent à moins de vingt kilomètres à l'heure.

     

         Sur les conseils de deux paysans je quitte cette affreuse chaussée pour des pistes en terre battue généralement empruntées par les locaux. Plus facilement circulables, elles suivent en parallèle le tracé principal. Elles s'en éloignent parfois me laissant seul dans la nature. Une dizaine de kilomètres après Ahalkalaki, la rivière Paravani s'évade à l'est pour se jeter dans un lac qui porte son nom. La végétation se raréfie.

     

         Nicnocminda et Gorelovka sont les deux principaux bourgs sur la route pour Bavra, ville frontière avec l'Arménie. A Gorelovka vit une importante communauté de Russes. J'y rencontre un jeune homme désoeuvré assis devant sa maison. Les distractions et le travail sont rares dans ces contrées.



                                    

         Ce village situé à quelques kilomètres de la frontière semble anesthésié, comme insensible aux effets du progrès. Ici le temps s'écoule plus lentement!


                                      


         Faire une infidélité à la route, pour s'encanailler avec des pistes hasardeuses c'est la promesse de la jouissance des sens. La vue, l'odorat, l'ouie tous sont sollicités. Elle me permet de flirter avec dame nature et ses plus beaux atours. Des paysannes s'offrent en spectacle avec pour toile de fond le Tba Mada (lac Mada).
C'est la dernière image que je garderais de ce pays que j'ai apprécié. Visite trop courte, dont j'aimerai un jour renouveller en pédalant plus au nord, voir l'Elbrouz et ses 5 642 m le plus grand pic d'Europe.

ARMENIE

       

       Voilà, j'ai encore changé de pays. Quitter la Géorgie est aussi simple que d'y entrer. Côté Arménien il faut satisfaire à quelques impératifs administratifs en s'acquitant d'une somme de 30 dollars pour l'achat du visa d'entrée. Le douanier qui m'accompagne, comme pour se justifier du prélèvement, me dit qu'après ça je pourrais découvrir tranquillement son beau pays. J'ai pour cela 21 jours devant moi. Tu parles dans trois jours je serai de retour en France. Le classique "do you know Charles Aznavour" m'arrive aux oreilles. Le premier d'une longue série. Pour le rassurer sur mes connaissances "Aznavouriennes" je lui entonne un...

"Je m'voyais déjà en haut de l'affiche
En dix fois plus gros que n'importe qui mon nom s'étalait"


....et moi de détaller. Déjà plus d'une heure que je suis là!

Quelle est donc cette femme qui m'interpelle en français?
C'est Geneviève qui croit reconnaitre le forumeur avec qui elle a dialogué par message interposé sur un forum voyageur.
Je lui confirme que c'est bien moi, Philippe le cycliste, qui cherchait il y a quelques semaines des infos sur la Géorgie et l'Arménie.
Incroyable rencontre de deux forumeurs qui, au même moment, se retrouvent au poste frontière Géorgie Arménie!
Venue de France en compagnie de son mari et de sa fille, elle est déjà sur le chemin du retour. Elle quitte l'Arménie, retourne en Géorgie puis se sera la Turquie et cap plein ouest. Le voyage retour s'annonce long...sa fille fait déjà la grimace.

        Dès les barrières de la douane franchies, les pistes Géorgiennes font la place à un beau ruban goudronné.
Grâce aux prêts accordés par la banque mondiale et une contribution du gouvernement arménien, la rénovation de la route Arménie – Georgie est une réalité que j'apprécie aujourd'hui.

 

       

         Le nord-ouest du pays est constitué de vastes plateaux cernés par des montagnes. Le climat est continental, les faibles précipitations et le fort ensoleillement conditionnent un milieu aride. Prise en étau entre la plaque arabique et la plaque continentale russe, la région est fréquemment soumise aux séismes. Les premiers villages que je découvre porte encore les traces du tremblement de terre de 1988.


                                                                                   


        Il fait plus de 40° au sol et il me faut trouver de l'ombre pour ne pas finir grillé comme un Kebab. La couverture forestière s’est réduite comme peau de chagrin ces dernières années à force de déboisement, au point de ne représenter aujourd’hui que 13 % à peine de la superficie du pays. Les fréquentes coupures d'électricité dans des régions d'altitudes élevées, aux hivers rudes, ont accéléré le processus.
Au carrefour de la route qui part à l'est vers Stepanavan, un abribus m'offre une ombre salutaire. Je peux enfin échapper pour quelques instants aux rayons ardents de l'astre solaire.
J'en profite pour faire un cliché original de la voute d'entrée de l'édifice.

        Malgré la chaleur il me faut avancer. Et pour avancer il me faut m'arracher à cette route qui s'élève. Je me sens las, sans énergie...dans ma tête une petite voix s'élève "mais qu'est-ce que je fous là"?

 

 

     Je suis à moins de 30 kilomètres de Gyowmri la deuxième ville d'Arménie. Cela me donne du courage pour repartir. Dans cette ville d'environ 146 000 habitants je suis sûr de trouver à me loger. Après le col, une longue descente m'octroit un peu de répit. Le revêtement impeccable, le peu de circulation et la grande largeur de la chaussée me font oublier quelques instants les règles élémentaires de prudence. Pourtant ....psssttt. Crevaison à l'arrière. Sueur garantie!
Dès l'arrêt je sens encore davantage la chaleur implacable, d'autant plus que j'ai perdu de l'altitude. Pendant que je répare, un vieil homme se porte volontaire pour me donner un coup de main. Je ne crois pas qu'il puisse m'être d'un grand secours, mais je ne veux pas le vexer. J'insère une chambre à air neuve dans le pneu qui présente des marques de grande fatigue. Un coup de pompe et le tout en moins de cinq minutes, le record n'est pas battu, mais quelle suée!
Allez on arrose la première crevaison, Tchin,tchin! C'est marrant, en Turquie dès que je posais le pied au sol, c'était le signal pour faire chauffer l'eau pour le thé. Ici c'est moi qui arrose... Le vieil homme doit se contenter de l'eau de mon bidon, une vrai tisane.

 

                            

      J'entre dans les faubourgs de Gyumri. Cette ville détruite à 60% le 7 décembre 1988 par le tremblement de terre a souvent changé de nom. En 1837, sous l'empire russe elle est Alexandropol, puis en 1924 Léninakan pendant la période soviétique. Dès 1991, après l'indépendance de l'Arménie elle a de nouveau été baptisée Gumri .
Dans l'histoire elle a également portée le nom de "Koumari" qui était aussi celui donné pendant l'indépendance de l'Arménie.
Comme toujours, dés que j'entre dans une grande ville c'est avec l'envie d'en sortir le plus vite possible. Il faut dire que la cohabitation entre un cycliste quelque peu désorienté et une circulation assez dense n'est pas chose aisée. Les panneaux indicateurs sont inscrits dans un alphabet qui m'est totalement étranger. Pour trouver ma route je suis obligé de m'arrêter à chaque carrefour, montrer ma carte et faire confiance aux quidams.
Certaines rues sont sans issues, d'autres sont en travaux et d'autres encore ne me mênent qu'à des barres d'immeubles sans charme. C'est par où la sortie?


         Je quitte Gyowmri par l'est, direction Vanajor. Une fois encore je poursuis ma route sans faire étape où je l'avais envisagé. La ville étant située dans une vaste plaine, je suis obligé de remonter pour lui échapper. Si la température a un peu baissée, les pourcentages de la route ajoutent aux difficultés.
A mi-pente j'aperçois une fontaine. Pour y accéder, je suis contrains de laisser mon attelage au bord de la route et de monter à pied à travers un côteau. Un parc minuscule accueille deux groupes de jeunes. La fête bat son plein.
Je remplis mes bidons et suis invité à trinquer. "Bière ou vodka"
Deux bières plus tard...je reprends la route en espérant que l'on ne contrôle pas les cyclistes dans ce pays. Dopé aux tartines de houblons!

        Je poursuis en suivant la rivière Pambak et le chemin de fer. D'immenses cimetières témoignent des catastrophes du aux tremblements de terre dans la région de Lori le 7 décembre 1988. Le désastre à Gyumri, ville que je viens de quitter, a détruit totalement ou en partie les villes de Spitak, Vanadzor (Kirovakan) et Stepanavan, et a laissé des balafres qu’il faudra des générations pour effacer.


                                                                                           


         Située à la frontière nord du pays, la région de Lori couvre la plus grande superficie des onze régions d’Arménie. Bordée de tous côtés par des montagnes abruptes et entrecoupée de gorges pures, Lori est une région extrêmement belle, dotée d’une population nombreuse.
Il fait presque nuit quand j'atteins la ville de Nalband. Douze heures de route et cent cinquante kilomètres de pistes et de routes ont eu raison de mon enthousiasme. Ce soir je dors dans un vrai lit. Aucun confort dans cet hôtel, pas même d'eau courante. Je fais une brêve toilette à l'entrée de l'établissement après avoir emprunté un broc d'eau. Il fait nuit noire, tous les chats sont gris. Vite je me rhabille. Je vais quérir un peu de nourriture à la seule boutique encore ouverte. Le choix n'est pas immense, mais je ne dormirais pas le ventre vide.
Aucun éclairage ne fonctionne dans les rues défoncées. Je n'arrive pas à croire que l'on est encore rien fait dans ce quartier pour effacer les traces du tremblement de terre. Cela fera vingt ans l'année prochaine!

 

 

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TURQUIE


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Dimanche 29/07/2007
Istanbul-Yalova
(20 km)

Lundi 30/07/2007
Yalova-Hendek
(140 km)

Mardi 31/07/2007
Hendek-Bolu
(115 km)

Mercredi 01/08/2007
Bolu-Cerkes
(118km)

Jeudi 02/08/2007
Cerkes-Osmancik
(200 km)

Vendredi 03/08/2007
Osmancik-Amasya
(129 km)

Samedi 04 /08/2007
Amasya-Koklude
(129 km)

Dimanche 05/08/2007
Koklude-Susehri
(120 km)

Lundi 06/08/2007
Susehri-Erzincan
(154 km)

Mardi 07/08/2007
Erzincan-Tercan
(103 km)

Mercredi 08/08/2007
Tercan-Erzurum
(100 km)

Jeudi 09/08/2007
Erzurum-Narman
(103 km)

Vendredi 10/08/2007
Narman-Ardahan
(145km)

Samedi 11/08/2007
Ardahan-Valle
(105km)

GEORGIE


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Dimanche 12/08/2007
Valle-Ahalkalaki
(90km)

ARMENIE


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Lundi 13/08/2007
Ahalkalaki-Nalband
(149km)

Mardi 14/08/2007
Nalband-Sevan
(98km)

Mercredi 15/08/2007
Sevan-Erevan
(84km)

Jeudi 16/08/2007
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