ENVOYEZ MOI UN MESSAGE
philfenouillet@yahoo.fr
 

Vous êtes le :

visiteurs

Voyage-Glbecyclo-Aventure

Itinéraire Maroc

lundi 23/04
Marrakech-Taddert

mardi 24/04
Taddert-Ouarzazate

mercredi 25/04
Ouarzazate-Boumalne du Dadès

jeudi 26/04
Boumalne du Dadès-Tinerhir

vendredi 27/04
Tinerhir-Touroug

samedi 28/04
Touroug-Erfoud(Merzouga)

dimanche 29/04
Merzouga-Erfoud-Alnif

lundi 30/04
Alnif-Tansikht

mardi 01/05
Tansikht-Zagora

mercredi 02/05
Zagora-M'Hamid

jeudi 03/05
M'Hamid-Agdz-Tazenakht

vendredi 04/05
Tazenakht-Aoulouze

samedi 05/05
Aoulouze-Ouirgane

dimanche 06/05
Ouirgane-Marrakech

lundi 07/05
Marrakech-Lyon

M'Hamid- Agdz-Tazenakht

-Jeudi 03/05-

      Levé à six heures pour prendre le bus de sept heures, je n'ai pas le temps de déjeuner. Pourtant la journée s'annonce longue ? Très longue. En outre une part d'incertitude reste ancrée dans ma tête. Je me pose depuis des mois la question de savoir si la route d'Agdz à Tazenakht est praticable. Je n'ai jamais pu avoir une réponse fiable, tout le monde contredit tout le monde.
       L'heure est à rassembler mes affaires,à monter mon vélo et la remorque sur le toit du bus et bien sûr de négocier le prix du trajet surtout avec mes bagages. A l'heure précise le chauffeur quitte la place de M'Hamid, son véhicule plein de personnes se rendant à Zagora.
       Tout au long du parcours le bus s'arrête pour prendre d'autres passagers parfois dans des endroits insolites en plein milieu de nul part. Les allées ne tardent pas à être obstruées. Il ne faut pas regarder à la sécurité. Il règne une ambiance bon enfant, les hommes n'arrêtant pas de vociférer. L'arrêt à Zagora se prolonge inconsidérément. Je consulte ma montre et me rends bien compte que cette étape sera difficile à tenir dans les temps. Devrais-je pour la première fois dormir dans la nature. Autre difficulté et de taille un vent violent souffle emportant tout sur son passage y compris les étalages des commerçants obligés de lester tout ce qu'ils présentent. Des nuages de poussière assombrissent l'atmosphère.
       Sur la route entre Zagora et Agdz j'essaye de déterminer le sens du vent, savoir si le Dieu Eole sera avec moi aujourd'hui est très important. A l'intersection de la route de Tazarine je reconnais le café restaurant de Mohamed où j'ai dormi deux jours plus tôt.A partir de là je suis en terrain de non-connaissance et ce pendant vingt huit kilomètres. La casbah de Tammnougalt se dresse sur la droite cinq kilomètres avant Agdz, c'est ici que furent tournées de nombreuses scènes du film Un thé au Sahara.
       Le bus se gare enfin sur la place du marché. Je récupère ma bicyclette et ma remorque et je m'installe à la terrasse d'un petit resto pour dévorer un tagine. Celui de la veille est déjà loin et je n'ai encore pas commencé ma journée de route.
       Il est treize heures quand je me mets en selle. Malheureusement le vent contraire freine ma progression. Seulement quatorze kilomètres dans la première heure. La route bien que parfaite grâce à l'enrobé récent ne me permet pas d'accomplir une distance conséquente à cause du vent. Tout à coup la piste succède à l'asphalte.

      L'habitude de la pratique du vtt est un atout non négligeable car l'instabilité dans les ornières de sable oblige à une séance d'équilibre. Parfois je suis obligé de déchausser avant de tomber. J'engage une véritable partie de gymkhana avec des cailloux acérés qui ne manqueraient pas de couper mes pneus. Le vent moins violent dans ces barrages me permet de goûter à une relative trêve. Je croise le conducteur d'une petite camionnette qui m'annonce encore douze kilomètres de piste. De toute façon je me moque de ces informations ne me fiant qu'à ma bonne étoile.
       Le paysage est de toute beauté et je ne regrette absolument pas mon engagement. Je crois qu'à cet instant je me suis mis dans un petit coin de ma tête, l'idée de passer la nuit dehors. Ce nouveau challenge m'excite un peu. La piste se divise en deux. Mon intuition me fait opter pour la piste de gauche celle qui est légèrement en pente. Le temps d'hésiter un bref instant,j'entends le bruit d'un petit camion qui s'amplifie. Le voilà qui débouche du virage. Le chauffeur et les passagers m'encouragent à monter.

      Vraiment je n'en ai guère envie. Devant leur insistance c'est avec beaucoup de réticence que je grimpe mon matériel sur le toit avant de le rejoindre. Deux hommes se trouvent déjà là. Ils me questionnent sur ma présence dans un coin aussi perdu. Mes explications ne semblent pas les convaincrent. Comment peut-ont se retrouver dans ce bled perdu eux qui sont contraints de faire ce parcours simplement pour acheter le nécessaire pour se nourrir, se vêtir. Voyager ne fait pas parti de leur priorité, c'est un peu contre nature de partir seul sans sa femme et ses enfants. La bicyclette représente le moyen de locomotion du prolétaire. Ils se demandent bien pourquoi je n'ai pas choisi de voyager avec un 4x4. Ils me renseignent sur la distance qu'il reste à parcourir sur cette piste soit trente bornes.
        Je suis chahuté de toute part la piste est défoncée. Un petit village est en vue. Loin de la vie des villes, il règne ici une ambiance toute particulière. Deux marocains quittent l'habitacle du camion. Quelques chèvres prennent nos places sur le toit. Nous réintégrons l'intérieur du véhicule. Nous roulons encore une heure et au sortir d'une gorge le goudron refait son apparition.
       C'est ici que je dis adieu à mes compagnons de route. A l'instant précis j'apprécie ce moment et je ne peux que remercier le chauffeur et lui offrir deux tees shirts qui allègerons mon sac. Mais au fond de moi je sais que j'ai raté l'occasion de vivre un moment encore plus fort. L'aventure dont je rêve toute l'année, cette après midi l'occasion m'était donné de la côtoyer. Certes la présence de ce camion sur cette piste m'autorisait à terminer l'étape prévue initialement. Cependant il faudra bien qu'un jour j'adopte une attitude moins drastique quant à la réussite ou non de l'itinéraire programmé. Sinon je cours le risque de passer à côté de ce qui fait l'essentiel d'un tel périple c'est à dire l'imprévu, l'inopiné, le fortuit. Seule petite excuse à ce comportement, l'équation entre le contenu de mes randonnées et la durée de celles-ci. De deux choses l'une soit, je revois à la baisse mes prévisions sur la distance journalière à effectuer, voir ne pas en faire du tout, soit rallonger la durée de mes équipées. Ces raisonnements se bousculent encore dans mon esprit tout en essayant de retrouver un rythme adapté à une journée fractionnée au possible.
       Quarante kilomètres restent à parcourir pour atteindre Tazenakht. Le vent, le parcours montagneux, la tension et la fatigue accumulée depuis le départ matinal perpétreront mon arrivée à la nuit tombante. Le dernier col le Tizi n Taguergoust à seize cent quarante mètres d'altitude me donne bien du fil à retordre. Mais le spectacle du soleil couchant derrière ces montagnes me fait oublier la lassitude engendrée par une si longue journée.
       Aussi la remémoration de la vision une heure auparavant, de ces enfants vivant dans une atmosphère particulièrement viciée me donne du courage. Quêtant au bord de la route qui surplombe la mine d'argent où leur père travaille, ils errent au milieu d'un milieu naturel peu propice à leur épanouissement.

       Il est dix neuf heures quand je rentre dans les faubourgs de Tazenakht, douze heures après mon départ de M'Hamid. Je trouve rapidement un petit hôtel, sans douche ni confort, prends un rapide dîner et au lit. Ce soir inutile de faire des rencontres.


                         Page précédente-Page suivante