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Itinéraire Maroc

lundi 23/04
Marrakech-Taddert

mardi 24/04
Taddert-Ouarzazate

mercredi 25/04
Ouarzazate-Boumalne du Dadès

jeudi 26/04
Boumalne du Dadès-Tinerhir

vendredi 27/04
Tinerhir-Touroug

samedi 28/04
Touroug-Erfoud(Merzouga)

dimanche 29/04
Merzouga-Erfoud-Alnif

lundi 30/04
Alnif-Tansikht

mardi 01/05
Tansikht-Zagora

mercredi 02/05
Zagora-M'Hamid

jeudi 03/05
M'Hamid-Agdz-Tazenakht

vendredi 04/05
Tazenakht-Aoulouze

samedi 05/05
Aoulouze-Ouirgane

dimanche 06/05
Ouirgane-Marrakech

lundi 07/05
Marrakech-Lyon

Touroug-Erfoud (Merzouga)

-Samedi 28/04-

      Levé à six heures, nous quittons l'habitation d'Abdallâh et regagnons son épicerie. Après avoir bu deux cafés il me donne une bouteille d'eau minérale et une de coca et me souhaite bonne route. Je le remercie très chaleureusement pour son accueil non intéressé. Je me souviendrais longtemps de cette première nuit chez l'habitant.
       Me voilà reparti pour une de mes plus courtes étapes, moins de soixante kilomètres. Après Touroug le paysage est désertique. Alors que je roule tranquillement me remémorant les divers moments de ma première semaine de randonnée, ma première surprise de la journée traverse nonchalamment la route sous la forme d'un petit troupeau de dromadaires.

         

       Les premiers dromadaires de mon séjour, ils sont complètement isolés dans ce paysage totalement vierge de toutes habitations. Plus loin c'est la vision d'un homme qui attire mon attention. Agenouillé sur le rebord d'un puits il lance un seau au fond attaché à une corde, puis il le ramène à lui. J 'hésite à interrompre ma progression mais finalement freine et me dirige vers le puits distant d'une centaine de mètres de la route. Le plaisir de communiquer avec cet homme, seul au milieu de ce désert est trop fort. Je pousse mon attelage dans le sable et les cailloux et parviens jusqu'à lui. Je suis tout d'abord surpris qu'il parle le francais. Il est accompagné de sa femme qui détourne la tête dès que je la regarde. Elle est penchée sur ses récipients de plastique qu'elle remplie avec le seau que son mari lui passe. Puis il remplit une rigole en béton qui part du puits et qui mesure environ trois mètres.

 

       Je comprends l'utilité de son travail quand je suis attiré par le mouvement d'un troupeau de dromadaires. Ceux-ci viennent s'abreuver dans la rigole remplie d'eau. Je profite de ce que leur attention est détournée par leur envie de boire pour les figer sur la pellicule. Je demande également à mon nomade la permission de le prendre en photo.

 

 

        Celui-ci accède à ma demande et s'inquiète même de la position du soleil et me conseil sur l'angle idéal pour le photographier. Je le remercie et lui tends deux barres de céréales sorties de mes poches de maillot. Je lui souhaite une bonne continuation et me remercie en me souhaitant à son tour un bon voyage. Inch'Allah.
       Après vingt minutes de désert sans voir personne un premier village se découpe au bout de la ligne droite. D'autres suivent. Tout le monde travaille à cette heure matinale pour sans doute bénéficier de la fraîcheur du matin. Les jeunes partent à l'école comme je l'ai déjà vu dans les villes comme Marrakech ou Ouarzazate. Toujours à bicyclette. Toujours avec le même état d'esprit de redoubler celui qui vient de les dépasser par surprise. Malheureusement pour eux, ils ont affaire à plus entraîné qu'eux et leur matériel est moins performant. Dépités, je les entends maudire leur mécanique ou bien peut être celui qui a osé les défier.
       Je m'amuse à contempler le manège de ces chevaux ou taureaux qui tournent inlassablement attachés par une corde pour écraser le blé. Ceux-ci sont encouragés par deux jeunes qui n'hésitent pas à donner de la voix ou de la badine. Les femmes coupent à la faucille la luzerne. Toute cette vie au bord des routes contraste avec les terres désertiques que j'ai traversées avant et après Touroug.
       Erfoud est en vue. Je me souviens de mes lectures lors de la préparation de mon voyage qui présentait cette ville de dix mille habitants comme étant sans grand intérêt. Elle a l'allure d'une cité administrative avec de grandes avenues bordées de tamaris. A l'origine Erfoud était une garnison française, installé en mille neuf cent dix sept afin de " pacifier " le sud est marocain. Son principal intérêt est d'être le point de départ idéal pour des excursions dans le désert autour de Merzouga. Le développement du tourisme dans la région a été accompagné par l'affluence de colporteurs de rabatteurs de faux guides en tout genre. Soyons méfiant la frontière algérienne n'est pas loin et j'ai entendu dire que certains touristes se sont fais piéger dans des situations assez compliquées, perdus dans le désert par des faux guides peu scrupuleux.
       Je n'ai aucun mal à trouver la place des Far qui est le lieu de rassemblement des différents moyens de transport, taxis collectifs entre autres qui mènent à Merzouga. Bien que l'heure soit matinale une certaine agitation y règne déjà. Je repère tout de suite les véhicules de luxe tout terrain servant à véhiculer les touristes des agences et les taxis collectifs qui sont principalement utilisés par les locaux désirant se rendre à Merzouga. Egalement facilement repérable nos fameux rabatteurs, qui plus que de vous obliger à prendre tel transport, sont plus enclins à vous conseiller une auberge 'super accueillante et pas chère " à Merzouga. Du style 'auberge berbère " comme ils le vantent, ils sont surtout intéressés par la commission qu'ils touchent par les propriétaires de ces auberges. Avec un peu de fermeté il n'est cependant pas trop difficile de leur expliquer que vous avez déjà réservé.
       Il est onze heures à ma montre et le départ est prévu pour midi. Le soleil envoie ses rayons ardents sur ma peau non protégée par ma crème anti -uv. Je sens déjà cuire mon épiderme. Je profite de ce laps de temps pour partir visiter la ville et principalement le souk qui jouxte la place. Il n'est pas aisé de se mouvoir dans ces ruelles étroites avec mon attelage. Le marché est surtout fréquenté par des marocains du cru, peu de touristes flânent devant ces étalages de victuailles.
       Je retourne sur la place des Fars et rencontre le couple de cycliste dont quelques touristes m'ont parlé depuis plusieurs jours. Ceux ci sont autrichiens et ont prévu sept semaines de voyage. Nous discutons en anglais. J'obtiens de leur part quelques renseignements sur une destination qui me tient à cœur la Syrie et la Jordanie, deux pays qu'ils ont parcouru en vélo trois années auparavant. Ils se rendent également à Merzouga. Deux taxis se rendent quotidiennement à Merzouga. Le premier celui de mes collègues cyclistes part dans cinq minutes. Nous nous quittons en nous souhaitant " Good luck "
       Je demande à un jeune juché sur le toit du véhicule et qui semble être le bagagiste de service quand le second part. Il me répond avec un aplomb extraordinaire dans cinq minutes. En faite j'attendrais deux heures. Deux longues heures à cuire au soleil. Mon impatience exacerbée n'aura d'égal que la nonchalance des marocains du coin qui se rendent eux aussi dans le désert. Eux restent imperturbables et ils semblent ne pas comprendre mes allées et retours.
       Enfin l'heure du départ est arrivée. La route est défoncée mais celle-ci cède bien vite la place à la piste. Elle s'avère finalement presque plus confortable que la route truffée de nids de poule. J'essaye de distinguer les premières dunes à travers des vitres tellement crasseuses qu'elles ont du mal à laisser filtrer la lumière du jour. Tout tremble à l'intérieur de l'habitacle, rien ne semble fixé. Le conducteur roule à la limite de ce que peux encore supporter les amortisseurs. Comment des véhicules dans cet état peuvent ils encore rouler après avoir fait plusieurs fois le tour du compteur ?
       Nous longeons dorénavant la face ouest de l'erg Chebi. De nombreux établissements pour la plupart des auberges-restaurants sont disséminés devant ce décor formé par ces dunes de sable. Ainsi la Gazelle, Yasmina, la Caravane, l'Etoile des dunes, les Dunes d'Or autant d'enseignes aux noms si évocateurs. J'ai choisi mon court séjour à l'Atlas du Sable. Cet établissement est tenu par Ali el Cojo ce qui en français signifie handicapé. En effet il se déplace appuyé sur des béquilles, sa jambe droite étant amputée au niveau du genou. Il fait tout son possible pour rendre service à tous ses visiteurs. Le soir au dîner le couscous n'étant pas encore tout à fait prêt, il me propose comme plat principal la spécialité maison en attendant le couscous et cela sans supplément.
       Auparavant dans l'après midi, j'ai admiré les fameuses dunes de Merzouga.

 

     Avec il ne faut pas le cacher une certaine déception. Non pas que ces dunes ne soient pas à la hauteur de leur renommées, mais plutôt une certaine incapacité à définir pourquoi une chose,un événement, un lieu en l'occurrence tant désiré est devenu réalité. J'ai tellement rêvé du désert que maintenant que je l'ai devant moi il me manque quelque chose. Le traverser, le vivre, le côtoyer. Impossible avec le moyen de locomotion que j'ai choisi. Je me fais la promesse qu'un jour je reviendrais pour, non pas l'admirer telle on admire les formes d'une jolie femme, mais de vivre avec lui quelques jours. Ce vœu se réalisera-il ? Dieu seul le sait. Tout ce que je souhaite c'est que je ne veux pas passer par une organisation. J'aurais l'impression de vivre la même aventure que beaucoup

      Ce soir je dors sur la terrasse de l'hôtel, et sous les étoiles je me pose la question de savoir si demain je reste à Merzouga pour partir marcher dans les dunes ou si je   continue ma route. Comme d'habitude je me dis que la nuit porte conseil !           

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