
Arrivé
la veille au soir à l'aéroport de la Ménara à Marrakech, je quitte
tôt ce matin l'hôtel toulousain pour Taddert.
Il fait un soleil radieux et un
beau ciel tout bleu, loin de la grisaille Lyonnaise. Mes premiers
tours de roues pour quitter la ville sont magiques. Quel dépaysement
pour mes premiers kilomètres sur le continent Africain.Tous les habitants
de Marrakech commence leur journée de travail, les étudiants vont à
l'école, beaucoup en bicyclette. Je me distingue avec mes tenues colorées.
Et toujours des vélos, des carrioles, des ânes quel spectacle !
Pas de problème d'orientation
pour sortir de la ville. Je quitte Marrakech par Bâb Doukkala direction
la Palmeraie, route de Fès. Puis c'est la plaine du Haouz plate et
rectiligne. De chaque coté de la route de nombreuses échoppes amènent
un coté pittoresque à la randonnée. Le petit village de Aît-Ourir
au quarante cinquièmes kilomètre marque la fin de la plaine. Le paysage
change, le profil également. Ca commence à grimper.

J'étrenne ma
pellicule photo. L'environnement est de toute beauté et je me surprends
à crier " C'est beau le Maroc " Une voix en écho me répond " Et oui
c'est beau le Maroc ". J'apprend ainsi à mes dépend que ici l'on est
jamais seul. Il y a toujours une âme qui vive au détour d'un virage,
d'un ravin, d'un chemin. Partout des enfants, des vendeurs de minéraux
( parfois orthographié miniraux ici), des femmes aux champs.
Le soleil brille. La nature est
resplendissante. La chaleur croît au fur et à mesure que la route
s'élève. Je franchis le col d'Ait-imguer 1470 m d'altitude. Le paysage
commence à devenir grandiose. La traversée du village de Touflint
au milieu d'une forêt de pins d'Alep est parsemée de petits douars
de pierre tous pourvus de terrasses de terre battue. A partir de Taghiba
la route longe l'oued Rdat, entouré par une épaisse forêt de chêne
lièges. Tous ces villages défilent avec toujours ces enfants qui quémandent
" un stylo m'sieur, un bonbon m'sieur " Certain n'hésitent pas à courir
à coté de moi sur plusieurs centaines de mètres.

Au bord de l'oued se dresse un
majestueux ksar flanqué d'une casbah rectangulaire en pisé rouge.
A partir d'ici une roche sombre remplace l'abondante végétation des
rives du Rdat.
Mes jambes commencent à devenir
lourdes et le souffle court. Je m'arrête fréquemment pour me reprendre.
Je n'ais pas encore l'habitude de rouler long cette année. Enfin une
descente mais ce plaisir est de courte durée car la route s'élève
à nouveau. J'ai tout de même hâte d'en finir. Je suis dans le rouge.
Enfin à la sortie d'un virage le panneau Taddert apparaît.

Beaucoup de monde
sur le bord de la route comme si j'étais attendu. Drôle d'impression
je continu jusqu'à la sortie du village et fais aussitôt demi-tour.
J'ai repéré un petit hôtel et m'y engouffre. Le garçon m'annonce le
tarif soit 130dh.Je n'ai pas encore l'habitude mais négocie pour 100dh.Je
m'apercevrais plus tard avec un peu plus d'expérience que 60dh aurait
été le juste prix.
Après
mon installation je me régale à une ginguette de mon premier tagine
à 30 dirhams.
Je fais
ensuite la rencontre d'un homme à la télé boutique le lieu qui me
servira quotidiennement à avertir par téléphone ma famille. Il m'invite
dans son échoppe de souvenir à discuter. Je suis méfiant car je pense
que l'homme est sans doute intéressé par mon porte- monnaie. Bah !
Si je dois refuser toutes les invitations je ne ferais pas de rencontre.
Je me rends donc à sa boutique. Nous nous installons au fond et son
cousin ne tarde pas à nous rejoindre. Celui ci parle mieux le francais
et sa conversation est plus intéressante. Religion, politique, sport
autant de sujets qui durant deux heures alimenteront la conversation.
Il grattera un banjo tout en fredonnant quelques airs. Durant ce temps
la théière officie. Lui et son cousin préfèrent faire une entorse
à la religion en buvant par rasade un vin rouge ordinaire. Seul le
prix n'est pas ordinaire. Quarante cinq dirhams le litre qui est une
somme importante pour un tel cru et pour ces hommes au maigre salaire.
Mais cela leur fait oublier un peu leur désœuvrement.
La nuit est tombée. Il n'est que
sept heures mais au Maroc l'on vit à l'heure solaire soit deux heures
de décalage avec la France. Je quitte mes deux acolytes. Ce soir je
veux me coucher de bonne heure pour bien récupérer. La route est encore
longue.
Demain au programme le col du
Tichka culmine à deux mille deux cent soixante mètres d'altitude.
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