
Avec
un départ matinal à 7 heures du matin l'étape prévue aujourd'hui longue
de cent cinq kilomètres démarre avec un hors d'œuvre des plus copieux.
Tout de suite les premiers lacets du Tichka se présente sous mes roues.
Heureusement le temps est frais, les jambes tournent bien et les développements
sur mon vtt me permettent de monter plus en souplesse. Je ne regrette
pas mon vélo course laissé à la maison qui m'accompagne habituellement
dans mes raids. La pente n'est pas très raide et le sommet ne tarde
pas. A son approche dans une épingle à cheveux j'entends les hurlements
d'un chien. Je suis sur qu'il va m'attendre de l'autre côté. En effet
à la sortie du virage ses cris redoublent. Il me domine de son promontoire.
J'accélère espérant qu'il ne descendra pas sur la route. Je ne me
retourne plus essayant de mettre le plus de distance entre lui et
moi. Mon cœur bat la chamade, mes pulsations cardiaques sont au maximum.
J'ai gagné mon premier duel avec ces chiens sauvages qui sont souvent
atteints de la rage.

Au sommet les vendeurs de minéraux
déballent leur marchandise. Le premier est d'accord pour immortaliser
sur la pellicule mon premier véritable col sur le continent Africain.
Le second lui ne perd pas le nord et pense sûrement trouver sur ce
drôle de touriste le moyen d'ouvrir le tiroir caisse de cette journée.
Aussitôt il m'affuble d'un long turban soigneusement plié autour de
la tête. Il m'affirme avec vigueur que celui-ci sera plus efficace
que ma casquette. Sans doute a-t-il raison, Sa proposition est d'autant
plus alléchante qu'il me propose seulement dans un premier temps de
troquer ma casquette contre son turban. Puis il me demande combien
je veux mettre de dirhams dans ma casquette. Comprenant très vite
que l'homme veut faire avant tout la première bonne affaire de la
journée, je le laisse bien vite à ses affaires et plonge dans la descente.
La route est superbe. La vitesse
m'enivre et je ne peux m'empêcher de penser que j'ai beaucoup de chance
de me trouver là ce matin. Diable ! Un second molosse. Je ralentis.
Celui ci a un maître qui lui intime l'ordre de se calmer. Je passe
sans le regarder dans les yeux et accélère. Ouf lâché ! Et comme dis
le proverbe le troisième ne tarde pas à pointer son museau. Ras le
turban. Pardon la casquette. Celui là sera moins provocant. Tout de
même toutes ces frayeurs. Je mettrais longtemps à m'en remettre craignant
de nouvelles rencontres. Heureusement il n'y en aura pas.
Partout dans chaque village et
même là où on ne les attend pas des femmes travaillent aux champs.
Souvent pliées -elles coupent à la faucille le fourrage pour les animaux.
Puis elles transportent sur le dos les lourdes charges. Pourtant souvent
elles vont à deux et semble rirent. Tel est le quotidien de ces femmes.
Les enfants à mon apparition courent quémander " un stylo m'sieur
" Vraiment le Maroc à peu changé, la mécanisation n'a que peu touché
ces populations rurales.

Le moral est au beau fixe et les
kilomètres défilent au compteur. Devraient défiler devrais-je dire
car mon compteur acheté avant de partir dans un magasin de sport dont
je tairais le nom ne fonctionne pas. Il est douze heures et le soleil
commence à taper. Il ne me reste que quarante kilomètres. J'ai le
temps. J'en profite pour faire une pause à Amerzgane. Un guide accompagné
de deux de ses clientes vient me demander qu'elles sont mes motivations.
Je lui explique que je voyage à bicyclette au Maroc, que c'est seulement
ma deuxième étape et que ma route est encore longue. Il traduit à
ses deux clientes anglaises qui après m'avoir félicité par une poignée
de main s'empressent de regagner leur habitacle climatisé. Le tagine
et le thé à la menthe pris dans un petit resto au bord de la route
s'avère délicieux.
Les derniers kilomètres sur Ouarzazatte
sont plus difficiles que prévus. La chaleur et le manque d'ombre entament
mes réserves en cette fin d'étape. Il va falloir que je m'habitue
à ce soleil.
Mon arrivée dans la ville ressemble
à un film, qui serait tourné dans un des nombreux studios qui jouxtent
l'entrée de la ville où sont produits de nombreux longs métrages dans
ces décors en carton pâte. C'est la sortie des écoles et tous les
étudiants et étudiantes rentrent chez eux à bicyclette. De véritables
joutes s'engagent entre eux et mon équipage. Nous roulons à plus de
quarante kilomètres heures avec le vent dans le dos. Il me faut parfois
forcer encore l'allure pour semer mes poursuivants. Tout cela dans
la bonne humeur.

Arrivé en centre ville je demande
l'adresse de mon hôtel, l'oasis. Celui ci est confortable avec une
literie propre un petit déjeuner copieux avec un véritable jus d'orange
et un café imbuvable. Ouarzazate est une ville agréable sans pauvreté
apparente avec une jeunesse présente partout. Le soir lors de ma promenade
pédestre sur les hauteurs de la ville je pourrais m'en rendre compte.
Un cyber-café est installé pas très loin de mon hôtel et j'en profite
pour tenter d'envoyer mon premier message par internet. La responsable
une jeune femme habillée à la marocaine se montre très patiente avec
le novice que je suis. Il faut dire que le clavier est inscrit en
arabe, elle m'installe sur un autre plus confortable pour moi. Ma
famille aura des nouvelles ce soir. La visite du souk n'est pas longue
car celui-ci est petit. Je m'attable à une petite gargote après avoir
commandé une sorte de crêpe épaisse fourrée de légumes et très épicé.
La boisson au cola aura quelque difficulté à éteindre le feu de ma
bouche.
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