Une simple décision, un changement de programme (quel horreur ce mot quand on a décidé de se laisser vivre au gré des rencontres et des événements) peut changer le cours d'un voyage.

          Hier soir, alors que nous avions prévu avec notre chauffeur un départ matinal à sept heures, nous avons changé d'avis. Bikaner nous doit une revanche pour son accueil plutôt humide.

          Aussi avons-nous décidé de rester une matinée de plus dans cette ville. Après tout, Kolayat notre destination du jour n’est pas très éloignée.
Nous avons prévenu notre chauffeur de ce changement en glissant sur son pare-brise un petit mot.

          Ce matin c’est de bonne humeur que nous repartons à la découverte de Bikaner enfin baigné par le soleil.
Après un petit déjeuner frugal pris dans une gargote, nous filons vers les rues étroites de la vieille ville.

          Les jeunes écoliers s’apprêtent à se rendre à leurs cours. Les primeurs installent leurs étals, les boutiques ouvrent leur devanture, les balayeuses pliées sur leur outil s’activent à chasser la poussière.

          Les travailleurs pressés ignorent la fermeture du passage à niveau. La cité s’éveille.

          Internet a ceci de bien, c'est qu'il permet de donner des nouvelles de n'importe quel endroit où l'on se trouve. Dans toutes les villes que nous traversons, nous n'avons aucun mal pour trouver un cyber café.

          Nous rejoignons notre hôtel, rassemblons notre barda et quittons la ville. Destination Kolayat petite bourgade autour d'un lac ourlé de temples où affluent de nombreux sadhu. Le programme semble alléchant. Enfin le pensions-nous.
          Nous n’avons pas parcouru dix kilomètres, et alors que nous quittons les faubourgs de Bikaner, le chauffeur s’arrête une première fois. Sur un ton sec et énervé il tente de nous expliquer qu’il n’est pas d’accord sur le programme qu’on lui soumet.
          Kolayat n’est pas sur sa route. Nous ne voulons rien savoir, nous exigeons d’aller dans cette ville un peu à l’écart des itinéraires touristiques. Il redémarre en bougonnant et s’arrête à nouveau.
          Une longue discussion s’engage alors et chacun des deux partis ne veut céder. L’attitude inhabituelle du chauffeur nous trouble un peu et devant son extrême agitation nous finissons par céder. OK nous filons directement à Jaisalmer.
          Notre acquiescement ne le calme pas pour autant, il repart et s’arrête â nouveau. Il nous prend à parti comme étant des emmerdeurs et que dorénavant c’est lui qui fait le programme et choisi nos gîtes. Contre sa colère nous ne pouvons qu’obtempérer. Nous n’avons plus maintenant qu’une idée, celle de rejoindre Jaisalmer à plus de deux cent cinquante kilomètres et nous débarrasser de cet énergumène.           Durant tout le parcours je n’aurai de cesse de le motiver à continuer à poursuivre la route.

          En plein désert nous faisons quelques arrêts qui auraient pu être très sympas et enrichissants dans d’autres circonstances. A tout moment, nous croyons qu’il veut nous planter là. Son comportement totalement irrationnel et sa conduite assassine nous font craindre le pire. Heureusement tout finira bien, mais voila une aventure dont on se serait bien passée.

          Il est tard quand nous trouvons enfin un peu de sérénité dans cette ville aux portes du désert.Demain sera un autre jour.

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