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Qu'il est agréable de voyager en train de nuit! Pendant notre sommeil, nous nous sommes transportés dans une autre ville. Presque un autre monde.
Elle est située tout entière sur la rive gauche du Gange, face au soleil levant, l'autre rive étant dénuée de toute construction. La gare étant située à près de cinq kilomètres des rives du Gange et de ses ghâts, nous négocions un rickshaw, dans sa version motorisée. Cet engin construit à partir d'une moto ou d'un scooter avec un moteur 2-temps, est équipé d'une carrosserie sans porte mais avec un pare-brise, protégeant ainsi le conducteur. Nous arrivons à proximité des ghâts, là où les auto-rickshaws ne sont plus autorisés. Nous finissons à pied à la recherche d'un toit. Même avec la meilleure volonté du monde nous ne pouvons échapper au harcèlement des rabatteurs. Nous sommes quelque peu surpris par la topographie des lieux. Nous avions en tête les images des célèbres ghâts, ces berges recouvertes de marches de pierres qui permettent aux dévots hindous de descendre au fleuve pour y pratiquer ablutions et pûjâs. En cette période de mousson, les eaux du Gange sont tellement hautes qu'elles recouvrent presque entièrement les ghâts. Durant la saison sèche, il est possible de longer le Gange en passant d'un ghât à l'autre.
Derrière les ghâts, un labyrinthe de petites ruelles, appelées gali, sillonne la vieille ville. Nous finissons par atterrir à la Puja Guest House, trop heureux de nous débarrasser de notre sac à dos. Le plus de cette pension c'est de bénéficier d'une belle terrasse dominant le Gange. A peine ressorti, nous croisons un drôle de cortège. Des hommes, que l'on nomme dom, des hors castes, transportent sur un brancard de bambou, un corps recouvert d'un linge de soie. C'est le moment pour la famille d'accompagner le défunt dans sa dernière demeure: les eaux du Gange.
D'immenses tas de bois s'entassent au sommet du ghât. C'est ici que les familles choisissent selon leur richesse, l'essence et la quantité de bois nécessaire pour brûler le corps. Le bois de santal étant le plus coûteux il est souvent utilisé par les plus nantis. Nous n'avons pas le droit de photographier les crémations qui ont lieu 24h/24. Plusieurs bûchers sont allumés. Nous observons le rituel. Après que le corps eût été trempé dans les eaux sacrées du Gange, les membres masculins de la famille vêtus de blanc s'installent autour du bûcher. Un homme au crane rasé, également tout de blanc vêtu, allume une torche de brindilles. Après avoir fait cinq fois le tour du corps avec sa torche, symbole des cinq éléments, il finit par enflammer le corps enroulé dans un linge. Commence alors la lente combustion qui peut durer plusieurs heures. Pourtant certains sont exemptés de la crémation : les Sadhus, ces maîtres spirituels, à la conduite exemplaire, vénérés comme des dieux, les enfants de moins de 11 ans, les femmes enceintes, les malades de la variole, les victimes de morsure de cobra et pour finir les vaches. Tout ce petit monde se retrouve directement immergé dans le fleuve parfois lesté à une pierre.
Nous quittons Manikarnika Ghât pour découvrir d'autres ghâts bordant la rive occidentale du Gange. Nous ne sommes pas au bout de nos émotions en observant des jeunes gens se baignant dans une eau immonde, alimentée par une trentaine d'égouts se déversant en permanence dans le fleuve. A Varanasi comme sur tout le parcours traversé par le Gange l'eau est polluée par plus de 400 millions de personnes.
Pourtant, les fidèles n'hésitent pas à se consacrer au rituel du bain. Un homme s'immerge complètement avant de compléter sa toilette par des ablutions. Du côté de Meer Ghât, nous déambulons à travers de minuscules ruelles, avant de pénétrer sous un lugubre tunnel mal famé. Avachis à même le sol maculé de crachats rougeâtres et de bouses de vaches, des mendiants shootés, des chiens galeux, des pauvres hères affamés infestent ces lieux. Une véritable cour des miracles. Nous filons droit sans détourner nos regards. Le bout du tunnel, nous respirons enfin!
De cette première journée à Varanasi, nous garderons un souvenir mitigé. D'abord une certaine déception de ne pas avoir vu la ville sacrée sous ses meilleurs jours. En effet en été, pendant la mousson, les hautes eaux du Gange recouvrent les ghâts et débordent dans les rues voisines, rendant impossibles de nombreuses balades. . Dans les bazars appelés chowks, les commerçants exposent leurs babioles: colliers de perles et de bois, cartes postales, portes clés en bois, statuettes en grès ou en laiton, bijoux en or et en argent, sari, foulards et sacs à main en coton tressé.
Il n'est pas facile de circuler au milieu des gens occupés à ne rien faire et ceux qui ne font rien pour s'occuper. Ajoutez au milieu de ces oisifs, quelques charrettes à bras surchargées, des rickshaw aboyeurs, des vaches sacrément vache qui vous surprennent d'un coup de tête zidanesque (j'en ai fais l'expérience) et des motos qui foncent carrément dans le tas (vu de mes yeux vu). Cette fois là, le klaxon n'a pas suffit!
Pourtant, il y a des gens qui travaillent. Et ce n'est pas toujours facile. Qu'est-ce qu'elle a la demoiselle?
Nous n'avons pas eu de pluie aujourd'hui. Les eaux du Gange ne sont pas redescendues pour autant. Aussi décidons nous de nous rendre demain à Sarnath, village situé à dix kilomètres de Varanasi.
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INDE *** Samedi 02/08/2008 *** |
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