
Quelle
nuit! Ce garage m'a bien dépanné, mais quelle tristesse
de dormir dans un réduit sans fenêtre, sans lumière.
Mais cela fait parti des aléas du voyage. Cependant je ne peux
m'empêcher de penser que cet arrêt forcé dans ce
lieu aurait été différent de l'autre côté
de la frontière. Sans doute m'aurait-on convié à partager le confort d'un foyer?
Ce matin,
avec un beau soleil et un ciel tout bleu le moral revient. J'ai trés
faim. Je n'ai plus rien dans mon sac et en quittant Ramtha tout est
encore fermé.
Ici aussi le proprio n'a pas encore levé son rideau. Je repars.
Sur le bord de la route un jeune garçon ouvre sa petite boutique.
Dix mètres carré, pas grand chose de frais à
manger. Je ressors avec un paquet de chips. J'espère trouver
autre chose un peu plus loin, en attendant je me contente de cet
en- cas horriblement épicées.

Jarash!
40 ème kilomètre. Je me jette sur la première
ginguette qui m'offre l'opportunité de me rassasier. Enfin!
Je
ne trouve pas à cette ville le charme vanté par les
guides touristiques. Cette cité antique, m'apparait trop aseptisé,
et puis pour visiter les vestiges d'abord grecs, romains puis byzantins
il faut s'acquitter d'un droit d'entrée à un guichet.
Difficile avec un vélo chargé, je préfère
poursuivre ma route.

Une
longue descente me reconduit sur la route principale qui mène
directement dans la banlieue d'Amman. A partir de là, la route
ne cesse de monter, la capitale de la Jordanie se situe à plus
de mille mètres d'altitude.
Je m'octroie
quelques arrêts trés sympas, comme cette pause prise
avec des ouvriers palestiniens. Je partage avec eux le casse- croûte.
L'un d'eux me confie son inquiétude face aux évènements
qui se déroulent en Cisjordanie, sa famille étant resté dans son pays d'origine. Lui travaille ici car il gagne plus.
Un peu plus loin un jordanien installé au bord de la route
m'offre un café. Sa profession, c'est justement vendeur de
café. Il le propose pour quelques pièces aux automobilistes
qui veulent bien s'arrêter.
A l'approche
de la capitale la circulation se fait plus dense. Le plus gênant
reste le faite de respirer les gaz échappés des moteurs
mal réglés. Quelle pollution!
A Suwaylih,
dans la banlieue d'Amman la route pour "The deed see" est
bien indiquée.
Cela facilite bien les choses, quand je peux décripter les
panneaux de signalisation. Sortir d'Amman me paraît moins compliqué
que de sortir de Damas. Je me fie davantage à mon sens de l'orientation
pour trouver la direction de Wadi as-Sayr et Nä'ür qu'aux
indications des passants.
Savent-ils seulement où ils habitent? Non, je pense que ma
prononciation du nom de ces localité n'est pas bonne...
La mer
morte se situe à -400 mètres au dessous du niveau de
la mer. Maintenant je n'ai plus qu'à laisser filer pour atteindre
ce point rarissime sur notre planète. J'aborde cette longue
descente de près de trente kilomètres avec beaucoup
de prudence. Le trafic routier assez dense m'oblige à garder
une certaine vigilence, je ne suis pas là pour battre un quelconque
record de vitesse quoique la pente s'y prêterait tout à fait.
J'essaye
d'apercevoir la mer, mais le relief escarpé m'en empêche.
J'ai un petit regret en passant devant la route qui mêne au
Mont Nébo. J'aurais voulu faire son ascension pour admirer
de son sommet la mer morte, le Jourdain, l'oasis de Jericho, les monts
de Judée... comme la fait Moïse qui y serait mort après
avoir comtempler la terre promise. Il y a toujours des choix à faire.
A l'intersection
d'une route se tient un poste de police, un premier contrôle.
"Passeport please". "Where do you go". Ils ont
l'air un peu surpris de me voir ici, mais apparemment ils ne trouvent
rien à redire. Je passe sans problème. La route qui
part à droite est celle qui mène à
El-Maghtas ( Bethanie) qui est le lieu du baptème du Christ.
L'accès aux rives du Jourdain est réglementé
et peut être même interdit en ce moment, des barrières
obstruants son passage.
Je prends
à gauche le village de Suweimah et longe la mer morte. De nombreux
jordaniens improvisent un pique-nique ou se détendent à l'ombre de quelques arbres rabougris.
Je stoppe à
la resthouse gouvernementale. Ma première impression est que
ça fait un peu camps de vacances mais avec peu de vacanciers.
Deux hommes à l'accueil contrôlent les billets d'accès
à la plage. Ici tout est payant, tout est cher: le droit d'entrée,
la douche, la location d'un bungalow, l'emplacement d'un bout de terrain
pour la tente.
Après
bien des palabres, je négocie difficilement le droit d'installer
ma tente, de prendre un bain dans la mer morte et de me rincer à
l'eau claire pour 7DJ. Chère la prestation, mais ils en profitent,
il n'y a rien d'autre dans la région, seulement un hôtel
chic le Dead Sea Spa Hotel à 6 km de là.

Je
confie le soin à un touriste local d'immortaliser mon bain
dans la mer morte. Hélas, je m'aperçois à la
veillée en visionnant mes photos sur mon numérique que
le déclenchement n'a pas fonctionné. Je ne garderais
pas de souvenir photo de mon bref séjour dans cette étendue
salée. Mon postérieur martyrisé par les heures
de selle lui s'en souviendra. Heureusement la douche bienfaitrice
calmera rapidement les douleurs engendrées par cette marinade.
On est pas des anchois tout de même!
Après
avoir dîné au Casablanca restaurant situé juste
après la resthouse, le seul du coin également je rejoins
ma guitoune. La nuit tombe vite ici, l'ambiance n'est pas trés
chaude je ne ferais pas de folie ce soir!
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