
Je quitte
Alep ce matin avec beaucoup de regret. Peut être aurais-je du
découper différemment mon parcours et m'accorder au
moins une journée pour visiter cette ville qui fait parti de
celle dont j'ai toujours rêvé de voir. Au même
titre que Samarcande, Kashgar, Turfan, Urumqi, Lhassa, Katmandou et
tant d'autres elle accapare mes pensées d'aventurier. Je me
promet de ne plus recommencer, à l'avenir je veux échapper
aux regrets qui m'assaillent aujourd'hui.

Je prends quelques
photos de la citadelle, seul souvenir de mon passage. Le coeur n'y
est pas, ces clichés font vraiment :
"cinq minutes d'arrêt, ne vous éloignez pas trop
on repart aussitôt".

La citadelle
d'Alep est édifiée sur une colline naturelle. Elle fût
fortifiée au X e siècle, son aspect définitif
datant du règne d'Al-Malek al Zaher Ghazi le fils de Saladin.
Il fit creuser le fossé, empierrer le glacis (pente à
48°) et construisit l'escalier qui mène à l'entrée.
De sorte la citadelle résistât à toutes les attaques
notamment celles des croisées.
Du sommet l'on peut admirer l'étendue de la ville.

La route m'appelle, direction
pleine Est. Je quitte les faubourgs d'Alep,

et ses décharges traditionnelles à toutes ces grandes
villes du Moyen Orient.
De longues
lignes droites, vent dans le dos, et la route plate comme la main
font que les kilomètres sont avalés à vive allure.
La seule véritable distraction ce matin, c'est de faire la
course avec les tracteurs. Je suis surpris de la distance que ces
gens effectuent avec leur engin agricole. Il n'est pas rare que nous
jouions à nous dépasser sur 20 ou 30 km. De plus ils
n'ont pas de remorque, le tracteur est leur moyen de locomotion.

Surprenant,
ces bédouins vivant tout proche de cette usine qui crache une
fumée malodorante. Leur troupeau paisse sur les rares espaces
verts qui entoure cet immense batiment. Je n'ose imaginer l'état
de santé de ces enfants contraints de respirer à longueur
de journée les rejets de cet industrie.
Mais pourquoi ne vont-ils
pas plus loin, ce n'est pas l'espace qui manque ici?
Peut être y
a t-il de l'eau que l'on ne trouve pas ailleurs! Je n'ai pas de réponse.
Sans forcer j'arrive
à Ath Thaura, je lis 170 km sur mon compteur.
Principal curiosité du lieu, le barrage Assad crée sur
l'Euphrate en 1973.
Il a permis de réguler l'irrigation des cultures et de fournir
de l'électricité dans un pays où les coupures
de courant étaient fréquentes.
L' Euphrate, prend sa source en Turquie, traverse la Syrie son cours
s'achèvant en Irak.
Par curiosité
je décide de traverser les quatre kilomètres du barrage.
Un policier en faction à l'entrée me stoppe et me demande
mon passeport. C'est le première fois que je suis contrôlé.
Il veut surtout savoir ce que je veux faire à cet endroit,
mes explications quoique assez vagues lui convienne. Il me donne le
feu vert tout en me précisant de ne pas m'arrêter et
surtout de ne prendre aucunes photos.
Vingt minutes plus
tard, je suis de retour de mon aller- retour sur le barrage, le policier
me fait un signe amical...
Je ne trouve aucun
charme à cet endroit. Quel dommage que je ne puisse pas toujours
choisir un lieu sympa pour faire étape.
Je me met en quête d'un toit pour la nuit.
Après quelques investigations, j'ai la confirmation qu'aucun
hôtel n'est implanté ici.
"No hôtel here, you must go to Raqqa"
Ils en ont de bonnes "Raqqa, Raqqa".
Ils n'ont que cette ville dans la bouche, moi ce que je veux ce n'est
plus bouger d'ici ce soir. 180 bornes ça suffit!
Dire que j'aurais du mal à trouver un abris est un doux euphémisme.
Mais ma ténacité et ma persévérence sont
récompensé une fois encore.
Un homme, sans doute attiré par le chahut que provoque ma présence,
surtout auprès des enfants, s'enquière de ma recherche.
Je tiens mon invitation, ce soir j'aurais un toit...
J'ai lu de nombreux livres sur l'hospitalité légendaire
des syriens. Une fois encore je ne saurais jamais assez remercier
ces hommes.
Je ne pourrais pas
prendre de photos de ma soirée passée dans cette famille.
Je respecte ce choix, mais je dois dire cependant que lors de cette
soirée, aussi conviviale et chaleureuse soit-elle une chose
m'a choqué. Jamais je n'ai vu une présence féminine,
dix, vingt personnes toute de sexe masculin viendront voir l'étranger
qui fait le tour du pays à bicyclette.
Le repas en tout cas
est délicieux.J'apprécie tout particulièrement
le Warak appelé également Yalanji ce sont
des feuilles de vignes farcies au riz. J'aimerais à ce moment
là féliciter la maitresse de maison.
Le lendemain avant
de quitter la maison, la femme de mon hôte m'apporte mes socquettes...propres.
Elles les avaient lavées.
Dommage que le seul lien et sujet de conversation entre nous se situe
au niveau de mes pieds.
Il y aurait parfois à dire sur la condition des femmes...
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