

Il
y a dans tous mes voyages, des lieux, des coins, que j'ai bien du
mal à quitter sans avoir de regrets. Wadi Rum fait parti
de ceux là.

Un après midi est tout à fait insuffisant pour découvrir
un environnement aussi exceptionnel. L'idéal, si idéal
il doit y avoir serait deux ou trois journées entières.
Celà permet d'admirer toute la palette de couleur qu'offre
ces panoramas aux différentes heures de la journée,
les roches présentants des teintes aussi variées que
le noir, le jaune et le rouge. Ce temps plus long permet également
de découvrir les petits secrets cachés de ce territoire,
le temple nabatéen, le puits et la maison de Lawrence (en
référence à Lauwrence d'Arabie), le petit Siq,
Burdah (Rock Bridge) une arche naturelle rendue célèbre
par une marque de cigarette. En outre, une halte dans ce fabuleux
cadre ne peut se concevoir sans une nuit passée à
la belle étoile dans l'immensité du désert.
Pour toutes ces raisons, ce matin je me sens un peu frustré.

Tout
au long de mon trip, pendant ces trois semaines j'ai choisi de parcourir
à la seule force de mes jarrets une boucle assez complète
de la Syrie, et la traversée nord- sud de la Jordanie.
J'ai
privilégié les jonctions relativements rapides par
route plutôt que par des pistes aux tracées aléatoires.
Ma curiosité naturelle me poussant à aller toujours
de l'avant au détriment d'une découverte plus en profondeur
des lieux et des gens. La durée impartie à mes escapades
me contraint forçément à faire des choix.

J'ai
rejoins l'axe Ma'An Aquaba, un joli ruban malheureusement mal fréquenté,
trop de camions me frôlant dangereusement.

A moins de trente kilomètres de
l'arrivée, un panneaux signal une nouvelle déviation
avec bien sûr la promesse d'une jolie petite rallonge. Le
préposé à la garde de l'accès à
l'ancien itinéraire, m'autorise à passer .

La route totalement défoncée
est en pleine réfection.

Trois
ouvriers égyptiens m'invitent à boire le thé.
La bouilloire installée directement sur un feu de bois ne
tarde pas à faire son office. J'aime les instants que me
procure ces rencontres.
Une zone industrielle occupe un grand
espace à l'entrée d'Aquaba.
J'aperçois enfin la mer Rouge, le golf
d'Aquaba est classé parc marin et donc protégé.
Ceci explique pourquoi ses eaux sont d'une puretée limpide,
Aquaba étant un paradis pour la plongée sous marine.
Je
prends possession de mon espace réservé sur le toit
du Pétra hôtel.
Du 4 ème
étage je domine l'ensemble de la ville et le golf d'Aquaba.
Et dire que certains payent trés cher une chambre luxueuses
avec vue sur la mer dans les différents complexes hôteliers.
Pour 2DJ j'ai une position dominante sur le golf , cet établissement
n'ayant par ailleurs aucun charme, est situé dans un quartier
assez bruyant.
Cette
journée de jeudi située entre le 1er mai et le vendredi
jour habituel de fermeture, la plupart des établissements
administratifs sont fermés. J'ai beaucoup de mal à
dénicher un bureau de change, je suis à sec d'espèces.
A l'écart
du centre ville, la station des bus JETT heureusement reste
ouverte. Je réserve ma place pour le lendemain direction
Amman. J'oublie volontairement de mentionner que j'ai une bicyclette.
J'aurais toujours le temps de négocier son transport.
Il fait une chaleur auquelle je ne m'attendais pas à cette
saison surtout au niveau de la mer.
Les
jordaniens profitent en famille de leur pont pour occuper la plage
publique. Les enfants s'ébrouent dans la mer rouge, profitant
de la douceur et de la clartée de ses eaux.
Les
femmes déambulent toutes habillées et même voilées,
certaines n'hésitent pas à se plonger dans cette tenue
dans l'élèment liquide.
Pour
d'autres qui ne veulent pas se mouiller, et qui veulent admirer
les fonds marins, des bateaux à fonds de verres proposent
leur service. Pour 10 DJ l'heure, les bateliers assurent une promenade
sans grand intérêt. Les poissons sont assez rares dans
le coin. Il est préférable, pour les amateurs de fonds
sous- marins de se rendre plus au sud au Yemeniah Reef, une barrière
de corail à la faune et à la flore trés diversifiées.
Je
fais la conversation avec mes voisins de plage, des palestiniens
venus de Ma'an se détendre deux jours sur les plages d'Aquaba.

Les
enfants prennent plaisir à poser devant l'objectif. Je pense
qu'ils doivent être particulièrement frileux pour garder
sur eux des vêtements relativement chauds.
En flânant
dans les rues de cette ville j'observe qu'elle manque d'originalité
à mon goût. La population habituée au touriste
n'a pas la même curiosité que celle des villes et villages
déjà visitées. Le contact ne se fait pas.
Je préfère
regagner un moment la terrasse de l'hôtel pour m'y reposer
avant l'heure du dîner.
Plusieurs personnes m'ont rejointes sur mon observatoire dont un
couple de français avec qui je fais un brin de causette.
Ceux-ci voyage au Moyen Orient depuis six mois, étudiant
à l'occasion les us et coutume des orientaux ainsi que leur
langue.
Il m'apprenne
également la présence à l'hôtel d'un
japonais qui effectue en vélo un tour du monde.
Justement, c'est lui qui se présente sur notre terrasse et
il me fait tout de suite l'impression d'être un original.
Il a notamment décidé de monter sa tente sur la terrasse,
s'isolant ainsi des locataires des lieux. Je ne peux résister
à l'idée de lier un contact avec le nippon. Dans notre
anglais sommaire nous devisons sur son trip. Finalement, nous nous
trouvons beaucoup de points communs dans l'approche du voyage. Bien
sûr le vélo nous rapproche, mais pas seulement. Les
chiens, la quête d'un toit chaque soir, nos petits pépins
mécaniques, crevaisons entre autres et un grand besoin de
communiquer avec les autochtones sont autant d'atomes crochus entre
nous.Nous échangeons nos e-mails et espérons sans
trop y croire nous retrouver.
Je
retourne dans les rues noires de monde. A la fraîche toute
la population se donne rendez-vous sur les bords de mer. Une animation
bon enfant règne dans la ville. Les boutiques ne désemplissent
pas, je fais la queue pour acheter deux falafels.
Ce
soir de la terrasse de l'hôtel, pas de petit écran,
mais la magie de la baie d'Aquaba avec pour toile de fond Eilat,
la ville voisine d'Israël.
Mon voyage
touche à sa fin, demain retour sur Amman avant de rejoindre
la France.
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