
Tous
les matins, je procède à un rituel qui dure une heure
environ.
Il me faut rassembler mes affaires, en faire l'inventaire et surtout
mettre sur le dessus du sac les affaires que je risque d'avoir besoin
dans la journée.
Tout dépend du temps, aussi un rapide coup d'oeil à
l'extérieur me renseigne aussitôt sur les effets à
mettre en avant. Cela peut être des vêtements plus chauds
pour une matinée qui s'annonce fraîche, ou au contraire
sortir la crème protectrice pour éviter les coups
de soleil dont je suis très sensible.
Je n'ose allez frapper
à la porte de mes hôtes, mais je ne peux m'éclipser
comme un voleur.
Toc ToC Toc! une minute à peine s'est écoulée
et toute la maison est réveillée.
Bébé réclame son biberon, et madame s'affaire
déjà à faire bouillir la théière.
Le chaud breuvage me donne le courage de partir, je prends ainsi
congé de mes généreux hébergeurs.

Une
dernière photo de bébé s'ébrouant avec
son papa dans les blé et me voilà sur la route.
La
toute première chose à faire ce matin, c'est de régler
mon problème de freinage consécutif à ma roue
voilée. Deux solutions s'offrent à moi. Soit je détend
la tension de mon cable de frein quitte à avoir un peu moins
d'efficacité de freinage, soit je fais dévoiler ma
roue. J'opte pour la première, ne connaissant pas à
l'avance le résultat d'une quelconque opération sur
la tension des rayons de ma roue.
Après avoir trouvé la clé adéquate dans
un petit garage à la sortie de Qal' aat Al Madieq et opéré
la réparation je poursuis ma remontée vers Alep.
Ce qui
rend parfois agréable l'entame d'une étape, c'est
de participer à sa façon au réveil de l'activité da la population.
Les boutiques, échoppes et commerces en tout genre lèvent
leur rideaux. Les engins agricoles, tracteurs, taxis collectifs
prennent possession de la route. Les écoliers s'en vont à
leur cours, tous garçons et filles vêtu de la même
blouse marron passée sur leur vêtement.
Une
nouvelle journée commence, tout le monde n'étant pas
en vacances, je me dis dans ces moments là que j'ai bien
de la chance de vivre quelque chose de semblable.
La route, jusqu'à l'intersection avec celle menant de Jisrsh
Shughour à Ariha parfaitement plate avec un léger
vent favorable contribue à faire de cette matinée
une agréable balade.
Je n'ose envisager
une suite aussi favorable. En effet le ciel s'obscurcie, de gros
nuages noirs s'amoncellent laissant augurer une pluie imminente.
C'est à
Mhambel que l'orage décide d'éclater. Je n'ai que
le temps de me mettre à l'abris sous un large auvent avant
que des trombes d'eau ne s'abbattent.
Tout le monde aux abris. Ce ne sont pas moins d'une vingtaine de
personnes qui viennent me rejoindre. Bien sûr, je suis la
principale attraction, pas mal d'enfants et de jeunes ados curieux
de mon matos viennent se mettrent à l'abris.
Un homme de
corpulence assez forte, essaye de se remémorer quelques mots
d'anglais pour entamer la conversation.
Sympatique, jovial il ne me laisse que peu d'espoir de repartir
assez rapidement, la pluie va durer.
Il me présente
un autre homme qui vient de nous rejoindre. C'est un professeur
d'anglais. En effet juste derrière le mur qui nous protège
des bourrasques de vent, se trouve l'école.
Je suis invité à rentrer me mettre au chaud. Imaginez
mon incurssion dans la cour de l'établissement sous le regard
curieux de quatre cent paires d'yeux à l'abris sous le préau.
Le chahut total.
Mon vélo
et mon matériel fermé à clé dans un
local, my teacher d'english m'octroie une place près du poêle
dans la salle des profs.

La théière
officiant toujours dans ces moment là, le chaud breuvage
ne tarde pas à réchauffer mon organisme transi.

Les questions
fusent comme jamais pendant près d'une heure, et le numérique
grave ces moments exeptionnels d'un voyage.
Je perçois une certaine agitation dans les couloirs, la porte
s'ouvre sur un écolier qui s'adresse aux profs.
Je suis apparemment convoqué chez monsieur le proviseur.
Aurais -je un peu abusé du temps de ces professeurs, les
détournant de leur fonction première et laisant la
majorité des élèves de l'établissement
chahuter entre eux?
Non l'accueil
chaleureux du directeur ne laisse aucun doute là dessus.
Il veut lui aussi faire ma connaissance et surtout profiter de l'aubaine
pour se faire tirer le portrait.

Je lui promet
de lui envoyer toutes les photos, mais je ne peux quitter tout ce
beau monde sans prendre une dernière photo celle d'une classe.

La pluie n'a
pas cessée totalement, mais je dois me résoudre à
affronter les élèments si je ne veux pas compromettre
le programme de mon expédition.
La route détrempée
commence à grimper. Le parcours montagneux est de toute beauté,
mais le mauvais temps gâche beaucoup de choses. Impossible
par exemple de sortir l'appareil photo.
Au fur et à
mesure que le sommet approche le ciel s'éclaicie.Au moment
de basculer le soleil réapparait.
A Ariha, je prends la direction d'Idlib. Sortir de cette ville n'est
pas chose aisée, des travaux obligent tous les véhicules
à un cross à travers champs.
Vent dans le dos
les kilomètres défilent à toutes allure. Je
rattrape une bonne partie du retard pris avec l'épisode de
l'école.
Taftanaz et Orems passé à toute allure, qu'il est
agréable de rouler sous le soleil, une petite fringale me
tenaille l'estomac.
Je n'ai pas
le temps de sortir mes maigres victuailles de mon sac, que trois
jeunes gens décident de faire la conversation.
L'un deux parlant parfaitement l'anglais insiste pour m'inviter
à prendre le thé dans sa maison distante de deux cent
mètres.
Je n'y tiens pas tellement car il me reste plus de trente kilomètres
pour atteindre Alep. Il est bientôt cinq heures et la nuit
tombe vite ici.
Mais comment refuser devant tant de gentillesse?
Je me dis que ce sont ces rencontres qui donnent du piment à
mes voyages.
"Ok, Just ten minutes".
Samer m'offre
le choix entre sa maison ou nous installer à l'extérieur.
Je choisis la deuxième proposition et nous voilà confortablement
allongé sur des tapis et des coussins.

Samer
est un jeune étudiant, qui s'interresse à nombre de
sujets.
Tous les jours il prend le bus pour Alep, où ses cours l'amènent
à fréquenter l'université. Parfaitement bilingue,
il espère un jour devenir médecin.

Son
père nous rejoint. Le numérique produit toujours son
petit effet.
Je comprends parfaitement ces jeunes gens qui recherche à
travers des rencontres avec des occidentaux des informations sur
notre façon de percevoir leur quotidien.
Il m'est difficile de leur expliquer que pour bon nombre de français
leur curiosité s'arrête sur le pas de leur porte.
Leur façon de vivre, leur quotidien, leurs problèmes
leur coutume ne sont pas des choses importantes pour eux.
Nous devisons devant le traditionnel thé, du pain et du fromage.
L'heure tourne,
je décline leur invitation de passer la nuit chez eux.
Cette fois il faut que je rejoingne Alep avant la nuit.
Le soleil décline
lentement, je calcule que j'arriverais juste avant qu'il ne disparaisse
complètement.
Un petit stress m'envahie. Non pas que je ne sois sûr de ne
pas trouver à loger ce soir, mais Alep compte d'après
mon guide
1 308000 habitants. Arrivé dans une grande ville aux heures
les plus denses au niveau de la circulation ne m'enchante guère.
Finalement, je n'aurais pas trop de difficulté pour trouver
mon hôtel.

Le temps de prendre
une douche et je pars aussitôt flâner à travers
cette ville.Je sais que je n'aurais pas le temps de découvrir
toutes les merveilles de cette cité aux souks les plus authentiques
du Moyen Orient. Cela sera d'ailleurs un des principaux regret de
mon voyage en Syrie.
Je ne perds pas
de temps, je m'enfonçe dans la nuit ...
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