
Le poste frontière
de Deraa entre la Syrie et la Jordanie se trouve à 110 km de
Damas.
J'ai choisi l'option
la plus direct pour rejoindre la Jordanie, délaissant à
regret une route plus à l'est. Elle m'aurait permis de découvrir
une région plus typique de cette partie de la Syrie. Je ne
verrais donc pas Shahba ce petit village druze et ses habitants vêtus
de costumes traditionnels. Je n'aurais pas non plus le loisir d'admirer
Qanawat et ses temples du IIIe siècle, et surtout la trés
ancienne ville de Bosra et son fameux théâtre romain
le mieux conservé du monde.
Ce matin, je roule
plein sud dans cette région du Hauran coincé entre le
plateau du Golan et le djebel El-Arab.
Est-ce parce
que cette route longe le Golan qui sépare la Syrie d'Israël
que la présence militaire est encore plus importante que partout
ailleurs?
Nous sommes
vendredi, jour de congé dans les pays musulmans. Les Syriens
profitent de leur repos hebdomadaire pour se retrouver en famille
à l'occasion d'un pique nique. Les habitants de Damas viennent
ici trouver un peu de calme, loin des turbulences de la capitale.
Je suis surpris
par le faite qu'aucune invitation ne me parvienne, je met cela sur
le compte de l'intimité que ces gens veulent conserver en restant
entre eux le jour de leur repos.
En famille les
femmes, jeunes et moins jeunes sont mélangées avec les
hommes. Il ne semble pas y avoir de séparation homme femme
comme j'ai pu parfois le constater. C'est aussi une raison pour ne
pas avoir envi de voir un étranger s'immiscer dans leur cercle
mixte.
Pourtant parmi la
gente féminine je crois percevoir à mon égard
des regards furtifs, des sourires malicieux et des rires pouffants.
Deraa! La ville
frontière.
"Hello,Hello,
Welcome,Welcome". Un couple assis tranquillement sur le pas de
leur porte m'interpelle.
Une dernière
rencontre, une dernière photo de ce peuple si accueillant,
un dernier verre. Adieu Syrien.
Je passe la
frontière.Un premier bureau, un premier contrôle, un
second contrôle, une barrière, une route sur un kilomètre
parmi les oliviers,un nouveau contrôle, passeport svp, une heure
d'attente, l'achat du visa Jordanien, du change, un dernier contrôle,
enfin je suis en Jordanie.
Ramtha! la ville
frontière côté jordanien. Un ciel tout noir m'accueille.
La ville est triste à mourrir. Les premières gouttes
de pluie annonce un orage imminent.
Je dépense
mes dernières livres syriennes dans un fast food local. J'hésite
sur la conduite à tenir. Dois-je continuer ma route ou faire
étape ici, dans cette ville sans intérêt?
La pluie se met à
tomber abondamment. Tout esrt rapidemment noyé. Les voitures
projettent des trombes d'eau sur les trottoirs. Je trouve refuge sous
le auvent d'une maison, bien vite rejoint par une horde de jeunes
trés turbulents.
Je saisis tout de
suite une grosse différence entre les enfants syriens curieux,
mais sages et polis et leurs voisins jordaniens, espiègles,
moqueurs, turbulents, éffrontés. Las de leurs sarcasmes,
j'affronte à nouveau la pluie.
Dans un garage automobile,
je trouve un abris salutaire.
Le patron m'informe de l'innexistance d'infrastructure hôtelière
dans cette ville. Etonnant pour une ville frontière!
C'est pas grave, ce
soir je dormirais dans un garage. Pour la première fois de
mon voyage je trouve l'après midi et la soirée bien
longue...
Page précédente
Page
suivante

|