
Après
Palmyre en Syrie, Pétra est le deuxième grand site
que je me suis promis de visiter.
Ce soir j'y serais et je compte bien profiter d'une journée
sans vélo pour comptempler cette merveille.
Les données sur la distance à parcourir aujourd'hui
sont assez contradictoires. Ma carte n'est pas assez précise
pour me donner ces détails. Je sais que la journée
va être longue, d'autant plus que le relief de la Jordanie
ne se prête pas à accomplir de longue distance. J'en
suis à toutes ces réflexions en montant la côte
à la sortie de Kerak quand une idée fixe me trotte
dans la tête. J'ai beau faire l'inventaire de tous mes faits
et gestes depuis mon lever ce matin, j'ai l'impression d'avoir oublié
quelque chose à l'hôtel.
Au sommet
de la côte environ 6 kilomètres après mon départ
une petite lumière s'éclaire dans mon cerveau. Elle
m'informe de la nature de mon oubli. J'ai laissé le chargeur
de piles de mon appareil photo numérique branché sur
la prise électrique de la chambre.
Je dois
faire demi-tour. J'enrage, je peste contre moi même et mon
étourderie.
Je décide de confier ma remorque à un menuisier qui
travaille dans son atelier.Je lui explique que je serais de retour
dans trois quart d'heure.
Effectivement,
je retrouve l'objet pendu à la prise de courant de ma chambre
d'hôtel. Je perd dans l'histoire du temps, de l'énergie,
je doute que je sois ce soir à Pétra.

Je
poursuis ma route, la chaleur est déjà bien présente.
Le paysage lunaire dans le Wadi el Hasa m'impressionne. Non loin
d'ici coulent les sources d'Afrat qui comptent parmis les plus importantes
du pays. La température de l'eau 45° à 48°
permet de soigner l'arthrite, les rhumatismes, les contractions
musculaires et les crampes. Heureusement de ce côté-là tout va bien.
J'aborde
une longue descente, mes patins de freins donnent quelques signes
de faiblesse. Les gommes sont trop tendres, je fulmine de ne pas
en avoir apporté de rechange.
J'admire
ces montagnes pelées écrasées de lumière.
Le capot d'une voiture arrêtée au bord de la route
me sert de support pour une photo prise avec le retardateur. Le
propriétaire du véhicule apparaît en compagnie
d'un ami. La conversation s'engage sur l'objet posé sur le
capot de leur véhicule. Ils veulent se faire tirer le portrait
et avoir la promesse de recevoir la photo. Pas de problème!

Le
parcours est difficile, j'ai l'impression d'une grande lassitude.
Je multiplie les arrêts. Je m'hydrate régulièrement,
je mange pour avoir de l'énergie. Rien n'y fait, le souffle
est court, les pulsations cardiaques anormalement hautes, les jambes
lourdes et la peau qui cuit sous l'effet du soleil.
Quelle
galère! Je sais maintenant que je n'arriverais pas à
Pétra ce soir. A Ar-Rashadiyya, petit village sur mon itinéraire
un chauffeur de taxi insiste pour me conduire à Pétra.
Sans doute, devant ma mine déconfite voit-il là une
bonne occasion de faire une bonne affaire. Je décline l'offre.
Dixième,
quinzième arrêt. Je ne compte plus. Sur ma droite des
panneaux de signalisation indiquent Rumman Campsite. Je consulte
mon guide.

Le
lieu où je me trouve fait partie d'un espace protégé,
une réserve écologique. Plutôt que de me rendre
au camp indiqué je préfère continuer ma route
sur huit kilomètres. Dana, est un village situé sur
la route des rois à environ 60 km de Pétra. Autant
dire, que je choisis d'y faire halte. 120 km s'affichent à mon compteur.
Pour
arriver au village de Dana il faut prendre une petite route sur
la droite qui plonge sur le Wadi Araba. Deux kilomètres de
descente au pourcentage impressionnant. J'y laisse le restant de
gomme de mes patins de freins avants.
L'asphalte
laisse la place aux pavés et à la terre battue. Je
suis accueilli par un jeune homme qui, vous vous doutez bien n'est
pas là par hasard. Il vante tout de suite les avantages de
son établissement bon marché. Heureusement, tout cela
s'avère exact. Mais voilà une personne motivé,
en effet deux petits hôtels ont été restaurés
dans ce village excentré. En se postant là, il intercepte
les clients potentiels de l'autre établissement mieux placé que lui.

Celui-ci
se montre trés commerçant et son hôtel typique
est une excellente adresse. Certaines chambres ainsi que la salle
de bain commune sont creusées dans la roche. Pour prendre
ma douche je dois rester courbé car la hauteur de plafond
m'empêche de me tenir debout. Mais quelle réconfort
de me doucher après une journée aussi rude.

Une
fois requinqué, je décide d'aller visiter les environs.
Dana
est un village dont les sources d'eau et un sol fertile, ont permis
à la population d'y vivre longtemps en autarcie. A la construction
de la route sur le sommet, le village fut déserté au profit de nouvelles construtions.

Depuis
quelques années un projet de réhabilitation tente
de faire revivre ce village qui doit d'ici quelques années
devenir un passage obligé sur la route des rois. La pratique
de la randonnée pédestre dans ce décor de rêve
attirera bon nombre de marcheurs avides de calme et de beauté
sauvage.
A la
nuit tombée, je regagne l'hôtel où je m'installe
sur la terrasse à l'abris sous une tente, en compagnie de
deux autres couples de français.
Nous
passons une excellente soirée à discuter de nos précèdents
voyages autour d'un copieux repas. Au menu crudité, poulet
et riz. Le propriétaire de l'hôtel nous fait l'éloge
de son pays dans un anglais impeccable. Il me propose de remonter
le lendemain avec sa voiture jusqu'à la route principale.On
verra. En attendant je vais me coucher. Demain 50 bornes pour arriver
à Pétra...
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