
Il fait
frisquet ce matin bien que le soleil se montre aussi matinal que moi.
D'autres ont décidés d'être également matinaux,
se sont des chiens qui par trois fois à mon apparition me courseront.
A chaque fois le palpitant en prend un sacré coup car le faire
monter aussi haut le matin ....
J'en serais quitte
à chaque fois pour une belle peur. Je pense que ces chiens
peuvent me pourrir mon voyage, je ne sais en effet quelle attitude
adopter devant ces batards et ça devient une phobie.
Jusquà Yabroud
une petite route serpente dans un paysage sauvage et austère
où l'aridité des lieux indique un taux hydrométrique
assez bas.

En rejoingnant Nabek
elle croise la trop fameuse autoroute.D'après ma carte une
route longe sur la droite cette autoroute sur toute sa longueur. Dans
la réalité il est bien difficile de l'éviter
car par endroit la route et l'autoroute ne font qu'un.
De toute façon ici tout le monde y circule, certains font de
l'autostop,d'autres roulent carrément à contre sens
sur la voie d'arrêt d'urgence, celle que j'emprunte.
Après Nabek,
je suis totalement tranquille, aucune circulation. Il n'y a vraiment
personne sur cette magnifique avenue. A mon avis, il doit se trouver
ici une résidence du président Bachar el-Assad. En tout
cas, le coin a l'air bien gardé NO PHOTO,NO CAMERA.

A quelques kilomètres
de Homs, sur une portion de route je suis de nouveau poursuivi par
deux molosses. Pas d'alternative je fonce!
A plus de quarante cinq kilomètres heure je parviens à
semer mes deux terreurs, évitant au passage de goûter
à leur solide dentition .
Un autre petit souci
c'est de constater que le pneu de ma remorque se dégonfle doucement.
Pour éviter de réparer je regonflerais quatre ou cinq
fois aujourd'hui.Ce soir j'aurais un peu de mécanique à
la veillée.

Ras
le bol de ces grands axes! Je sais que je n'en ai plus pour très
longtemps, mais maintenant j'arrive à Homs.
Homs, 500000 habitants
est la 3 ème ville de Syrie en terme de population. Je n'ai
pas l'intention d'y faire étape, cependant une courte pause
s'impose histoire de faire le plein d'énergie.
Une petite guinguette,
sorte de snack local m'ouvre l'appétit en proposant des falafels
sorte de boulettes de purée de pois chiches frits, servies
dans du pain sans levain, genre de galette, avec tomates et cornichons.
Après avoir observé quelques jeunes étudiants
dévorant leur "sandwich" je passe commande auprès
du cuisinier officiant directement sur le trottoir.
Très pratique
pour surveiller mon vélo. Je m'assied sur le bord du trottoir
mais aussitôt mon cuistôt me propose une chaise. En effet,
plus confortablement installé je peux savourer mon falafels.
Sans doute soucieux de bien le faire glisser mon bienfaiteur m'apporte
une boisson fraîche au cola.
J'observe les va et
viens de la rue, chacun vaquant à ses occupations. C'est l'heure
de la reprise des cours pour les étudiants qui m'adressent
un sourire en passant.
Je m'adresse à
mon préposé aux sandwichs pour lui demander l'addition
mais celui-ci refuse carrément l'argent que je lui propose.
Il me fait comprendre que pour moi c'est gratuit.
Je le remercie et lui explique ma destination en lui précisant
toutes mes étapes à venir.
"Welcome in Syria".
Et me voilà
reparti direction plein ouest vers Tartous. Je comprends tout de suite
que les cinquantes derniers kilomètres se feront avec le vent
de face. Ce vent venu de la méditerrannée est un bien
mauvais invité. Le vent est l'ennemi numéro 1 du cycliste.
C'est de lui, que bien souvent dépend la distance parcouru
journellement.
Favorable il me permet d'abattre deux cent bornes dans une journée,
contraire la distance peut être diminuée de moitié.
Je suis également
surpris par la relative fraîcheur ambiante. Je n'ai pas quitté
mes manchettes de la journée, cependant je bois beaucoup sans
doute à cause du vent qui sèche la gorge.
Sur le bord de la
route sont installés de nombreuses échoppes.
Je laisse derrière moi les odeurs des usines où l'on
raffine du pétrole et extrait du phosphate. Je m'échappe
de la ville qui constitue le coeur de la vallée de l'Oronte.
L'Oronte est un fleuve
qui coule du Sud au Nord du pays. Il arrose deux grandes villes Homs
et Hama puis termine son cours dans la méditerranée
en Turquie.
Enfin, malgré
le vent je peux goûter à une certaine tranquillité,
quand je peux quitter la route qui mêne à la côte.
Le paysage n'a plus
rien à voir avec celui que j'ai quitté ce matin. Ici
le vert des prairies me rappelle que la mer toute proche doit amener
son lot d'humidité et que la pluie n'est pas rare.
Je distingue maintenant
ma destination finale. Elle semble toute proche, mais je sais que
je vais devoir fournir encore un gros effort pour hisser mon chargement
tout là haut sur cette colline.
Peu d'indication pour
s'y rendre et je suis obligé de me faire confirmer que je suis
bien sur le bon chemin.
Quel dénivelé! Je suis obligé de mettre pieds
à terre. Je me réfugie à l'abri du vent et décide
de chausser mes baskets à la place de mes chaussures cyclistes.
En effet mes cales me gênent pour marcher et j'ai la certitude
que les quatre kilomètres qu'ils me restent vont devoir être
effectué à pied.
Une voiture s'arrête
à ma hauteur. Deux jeunes filles s'enquièrent de savoir
si la route pour le Krak des Chevaliers est bien celle-ci. Je leur
confirme. Ces deux Jordaniennes en vacances m'expliquent qu'elles
ont loués une voiture et qu'elles visitent durant une semaine
la Syrie. Elles n'ont pas l'air farouche.
Peu de place dans
leur petite voiture et de toute façon j'aurais refusé.
Je veux terminer l'étape sur mon vélo, ou à côté s'il le faut en le poussant.
Il me faudra une heure
pour atteindre le sommet. Le château surmonte la chaîne
montagneuse afin de mieux surveiller la vallée.
Il fût construit par des chrétiens partis à la
conquête de Jérusalem. Ils s'installèrent ici,
et bâtirent une ville fermée. Ces milliers de personnes
de nationalités différentes avaient comme point commun
la religion. Ils étaient tous catholiques. C'était l'époque
des croisades. Le krak est devenu un symbole.

QALA'AT EL-HUSN. Jamais je n'arriverais à prononcer tout au long de mon périple
le nom de ce petit village qui jouxte le Krak des chevaliers. Et comme
la plupart des syriens ne connaissent pas le terme de Krak des chevaliers
il me sera très difficile de situer mon étape.
En tout cas,
si mon guide indique bien un hôtel restaurant du nom "La
Table Ronde" je n'en garderais pas un souvenir impérissable.
De mes lectures j'avais retenu que l'on pouvait camper à proximité.
Le temps pluvieux ne m'incite guère à tenter l'expérience.
Je préfère opter pour une piaule dont je n'ose croire
que certains puisse penser qu'elles soient "simples et plutôt
propres" J'occulterais le désir de vous faire visiter
la douche et les sanitaires.
Ce soir, je dormirais dans mon jus et mon sac de couchage....
Heureusement le restaurant
vaut mieux que l'HOTEL pardon l'hotel.

Un poulet au citron me réconcilie quelque peu
avec ce lieu.
Ah dès qu'on a le ventre plein le moral revient!
Il faut dire que rien
ne s'est vraiment bien déroulé ce soir. Dès mon
arrivé, j'ai voulu aller visiter le château mais malheureusement
il était trop tard et le gardien m'a simplement permis de rentrer
pour jeter un coup d'oeil furtif.
Il m'invite à
revenir demain à 9 heures. Mais demain, je serais loin à
l'ouverture. Je me contenterais de photos d'extérieur.

Ensuite, je constate
qu'il n'y a aucune cabine téléphonique sur le site.
Un appel de l'hôtel coûte 12$ la minute. Ce soir, ma famille
n'aura pas de nouvelle. J'espère qu'elle ne s'inquiètera
pas.
Devant mon poulet,
mes frites et mes crudités je traine un bon moment dans la
salle de restaurant dont je suis l'unique occupant.
Pendant que je rédige mon press book, un autre touriste me
rejoindra ainsi que deux ouvriers qui occuperont la table voisine.
Drôle d'ambiance! Aucune communication entre nous. Bon je vais
me coucher.
De la pénombre
extérieur me parvient les aboiements des chiens, une vitre
manque à l'une des fenêtres.
Demain il fera jour...
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