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AUTRICHE
Cette nuit, sous l'orage la tente a prouvé son étanchéité. Heureusement, la rivière n'a pas débordé comme ça doit être souvent le cas sur ce terrain . L'atmosphère et l'environnement sont chargés d'humidité. Je plie avec soin tout le matériel, notamment la tente qui aura bien besoin de sécher dès que le soleil apparaîtra.
L'eau qui coule de la fontaine toute proche sort marron. Difficile de la boire au petit déjeuner.
Le klippitztörl est la principale difficulté de la journée. Il me faudra près de deux heures pour monter les onze kilomètres séparant l'entrée du village de Lölling du sommet à mille six cent quarante deux mètres.
Ce col, je l'avais repéré sur la carte avec ses deux chevrons annonçant des pourcentages à plus de 10%. Mètre après mètre, coup de pédale après coup de pédale je hisse mon chargement.
Il n'est pas encore huit heures quand le panneau annonçant le sommet surgit au détour du dernier laçet.
Au sommet il n'y a pas foule pour saluer mon effort. Seul, un vieil homme certes pas très bavard fume sa pipe, serein. Je profite du lieu pour avaler mon deuxième petit déjeuner: une bonne soupe chaude de chez qui vous savez. Magie, magie! Celle du lieu et celle de l'instant...
Allez mon gars, couvre toi bien, ici il fait pas chaud. Il reste de marbre, pardon de bois. J'enfile gants, bonnet, maillot manche longue et m'élance pour la descente.
A plus de soixante dix kilomètres heure, la bourgade de Kliening est vite effacé. Attention au radar!
Au bas de la descente, je m'engage à droite sur la route78. A Twimberg, trois kilomètres plus loin la route 70 qui part sur la gauche mêne à Graz.
A Walddenstein, la route s'élève à nouveau. Le soleil qui avait fait une timide apparition laisse la place à de gros nuages noirs. La pente est rude du côté de Preitenegg. L'orage éclate, j'ai juste le temps de me mettre à l'abri dans une grange.
Comme toujours à cette saison, ça ne dure pas. Ce régime de la douche écossaise n'est pas pour me déplaire. Je n'aime pas trop la chaleur et ces changements de temps explique pourquoi la nature est si verte. De plus, les tons, les lumières, les contrastes changeants, ajoutent une ambiance différente tout au long de la journée.
Aujourd'hui dimanche, les Autrichiens profitent du repos dominical pour sortir. Ils préfèrent déjeuner à la gastoff locale plutôt que sur l'herbe, vu le temps on peut les comprendre.
Je passe le col de Packsattel à 1166 m sur une chaussée rendue glissante par la pluie. La prudence est de mise dans la descente. A Köflach, le temps s'éclaircie, puis le soleil réapparait.
Je pense que le moment est venu pour faire sécher ma tente. Sur une jolie pelouse, je la déplie sous les yeux ébahis des passants. Parfois, loin de chez soi on est amené à faire des choses que l'on ne ferait pas habituellement.
En attendant, je repère sur ma carte le prochain terrain de camping. A Lieboch, distant de vingt cinq kilomètres, est indiqué un camping. A moins de trouver une opportunité, voilà un endroit où passer la nuit.
Finalement, sans avoir eu à bien chercher autre chose, ce soir je me contente du camping. Bien sûr, le kilométrage de la journée reste modeste, mais je ne tiens pas à pousser jusqu'à la grande ville de Graz.
Cette soirée au camping, la première en Autriche sera également la dernière. Demain, je serais en Hongrie.
Avant de m'endormir, je reste un moment songeur.Tout à l'heure, j'ai appelé ma famille en France. Comme il m'est impossible de faire de la monnaie le dimanche, j'ai laissé à mon épouse le numéro du camping pour qu'elle me rappelle. Hélas, j'ai du me tromper.
Ce soir je n'aurais pas plus de nouvelles.
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