
J'ai trente cinq kilomètres à effectuer pour rejoindre Bratislava, une misère en regard de la distance déjà parcourue.

Je sens bien que mon voyage touche à sa fin. Ce matin, une petite idée trotte dans ma tête. Celle de rejoindre Prague, distant de trois cent cinquante kilomètres, soit à peine trois jours de route. Cette idée de rajouter à mon carnet de route, cette autre capitale d'un de nos nouveaux voisins européens, la République Tchèque, me tente vraiment.
Mais dans ma tête, trottent également d'autres pensées. Si professionnellement la rentrée n'est pas encore programmée, je sens que la coupure familiale a assez duré. Je dois rejoindre mes pénates.
Mon premier impératif en arrivant dans cette ville c'est de me rendre à la gare routière pour avoir des infos concernant les horaires des bus pour la France.
Les guichets Eurolines pour les destinations pour la France sont fermés le samedi.
Peut être aurais-je plus de chance à Vienne, la ville autrichienne n'étant qu'à soixante dix kilomètres.
Il n'est que neuf heures, j'ai le temps de visiter Bratilava.
Cette ville de plus de 450000 habitants, s'étend sur les deux rives du fleuve Danube, au pied des petites Carpates, au centre de l'Europe. La région sud de la ville est frontalière avec la Hongrie, la partie ouest de l'Autriche.

En entrant dans la ville, ce qui me surprend le plus c'est le manque de modernité de cette capitale. Outre qu'il est trés tôt ce matin, donc peu d'affluence, le ciel est chargé de gros nuages noirs. Drôle d'ambiance.

Les rails des tramways m'obligent à rester trés prudent car en mettant une roue dans l'une d'elle, la chute est inévitable. Comme dans chaque grande ville les rues sont en perpétuelles travaux.
 Je pénètre enfin dans le centre historique.
Une vieille dame installe son stand pour la journée: deux gros bouquets de fleurs jaunes qu'elle va tenter de vendre pour compléter sa modeste pension.

A ses côtés, un violonniste par ses musiques rétros, empreint les ruelles d'une atmosphère mélancolique .
D'autres artistes par leurs différents talents, tentent d'émouvoir les premiers touristes.

Ici, où que l'on soit le Château de Bratislava, reste le symbole de la ville.
Au 9ème siècle était construit sur la colline un site fortifié important de la Grande Moravie.
De 1423 à 1437 ce château romain fut transformé en une résidence royale gothique.

A partir du 15ème siècle, le château subit plusieurs modifications passant de la reconstruction en style renaissance jusqu'à celle en baroque primitif.
De 1751 à 1766 sous le règne de Marie Thérèse, fut réalisée une dernière modification pour devenir résidence royale.

En 1811, le château brûla et se délabra. Il est resté en ruine jusqu'en 1950.
Dans la période 1953-1968 il fut reconstruit dans sa forme original d'avant l'incendie.
Aujourd'hui le château sert de musée, mais aussi aux fins de représentation de la République Slovaque.

Mais que fait donc cet homme dans le caniveau?
La statue de Cumil par Victor Hulík est une des attractions les plus amusantes de la zone pietonnière de Bratislava. Je découvre au fil de ma promenade d'autres statues tout aussi surprenantes.

La tour de l'Hôtel de ville est le point de repère de la vieille ville, sur la place principale Hlavné Námestie.

La ville s'éveille enfin. Les marchands ambulants déballent leurs marchandises pour les touristes. Les prix sont indiqués en monnaie locale et en euro. Preuve que ce pays s'ouvre au tourisme.

Je rencontre un jeune français qui travaille à l'implantation d'une usine Peugeot à Bratislava. Je m'empresse de lui poser quelques questions sur le pays. Malgré une amélioration de la qualité de vie, ce petit pays reste loin derrière les puissants voisins de l'ouest. Le salaire moyen d'un slovaque est de deux cent cinquante euro mensuel.
Pourtant au regard des prix affichés, je lui fais remarquer qu'il doit être impossible de vivre ici. Le centre ville historique n'est fréquenté que par les touristes, les slovaques ne fréquentent pas ces lieux pour faire leurs courses. Cependant, la vie reste chère pour un slovaque.

Il m'invite également à rester plus longtemps pour découvrir les charmes de cette cité. Le soir me confie t-il, une superbe ambiance règne dans ces ruelles animées par des groupes de musiciens en tout genre. Tentant.
Pourtant, en début d'après midi je quitte la capitale slovaque. Un cycliste à qui j'avais demandé la route pour Vienne, détourne son chemin pour me sortir de la ville.
Ce svelte retraité, vêtu comme un pro et chevauchant un vélo de dix fois le salaire d'un slovaque, se fait un malin plaisir à me mettre dans le rouge.
J'ai du mal à suivre cet énergumène, désireux de me faire voir qu'ici aussi, on sait ce que pédaler veut dire.
Pas rancunier, je le remercie d'avoir pris sur son temps pour me diriger. Je n'ai plus qu'à suivre une piste cyclable jusqu'à Vienne...
Soixante dix kilomètres sans rencontrer une voiture, tout en franchissant une frontière. Alors là je dis chapeau!
La frontière se trouve dans les faubourgs de Bratislava à une dizaine de kilomètres du centre ville. Je change mes dernières couronnes slovaques contre des euro. En sortant du bureau de change c'est l'averse. Je retrouve l'Autriche comme je l'ai quitté, sous la pluie.
Un fort vent souffle de face, ça va être dur. Au moins il a un avantage, celui de chasser rapidement les nuages et la pluie.
Il me faut près de quatre heures pour rallier la capitale Autrichienne. Je jette mes dernières forces contre ce p..... de vent.
Après Budapest et Bratislava, Vienne est la troisième capitale où je dois franchir le Danube.

Même pour les cyclistes tout est prévu. Sous la route à quatre voies expresses, une piste a été spécialement aménagée pour les deux roues. J'y accède par une sorte de tourniquet qui emmène les usagers sur cette passerelle. Sans aucun doute, un gros investissement pour le confort et la sécurité des pratiquants de la petite reine.
Cette année, Vienne représente la fin de mon escapade...mes Champs Elysées.

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