
Il est 7 heures du matin ce dimanche 15 août. Après avoir effectué un changement de train à Baden- Baden à la frontière allemande, je suis dans le train qui me ramène à Lyon -la Part Dieu.
Dans mon compartiment, un couple de hollandais étudie sur leur carte et leur guide un parcours cycliste dans la région de Franche-Comté. Intéressé par la culture et surtout la gastronomie, ils lisent dans leur langue maternelle, à haute voix, le contenu de leur ouvrage. Je ne peux m'empêcher de sourire à l'écoute de leur accent quand ils citent les noms: Pontarlier, Arbois, saucisse de Morteau, ou comté de Poligny.
Harrassé de fatigue, après une nuit à voyager dans le train j'essaye de me rendormir. Je laisse défiler les images de mon arrivée et mon départ de Vienne.
Mon premier soucis en arrivant dans la capitale Autrichienne, a été de trouver la gare routière pour avoir des infos concernant les horaires des bus pour la France.
Sans plan de la ville, sans parler la langue du pays mais avec les bonnes volontés locales, je réussis après une heure de recherche à localiser la gare routière.
Déception quand la guichetière se refuse à me vendre un billet retour pour la France, prétextant que les bicyclettes ne sont pas admises dans les bus.
Malgré l'aide d'un jeune français qui parle couramment l'allemand, nos supplications ne servent à rien. Il me conseille d'aller à la gare ferrovière et de rentrer en France par le train.
Muni cette fois d'un plan que mon compatriote s'est procuré, je file à la gare distante de cinq bons kilomètres. Me voilà reparti dans une direction encore une fois complètement opposé. C'est à quinze à l'heure, en empruntant tant bien que mal, tantôt les pistes cyclables, tantôt les couloirs de bus, voir parfois les trottoirs que j'arrive à la gare. Il est dix neuf heures trente.
Sur de grands panneaux lumineux sont annoncés tous les trains au
départ et à l'arrivée des principales villes européennes.
Je m'incruste dans la longue file d'attente des passagers à la recherche d'un billet. Quand mon tour arrive, il faut un bon moment pour que le préposé me trouve une place pour mon voyage retour. La file d'attente s'allonge.
Enfin, en possession de mon billet, il me reste quinze minutes pour démonter ma remorque, trouver le bon wagon et hisser tout mon matériel.
Je suis encore en tenue cycliste, avec les chaussures munies de cales. Ca fait trois jours, soit depuis Budapest que je n'ai pas pris de douche. Avant le départ du train, je m'enferme dans les toilettes pour me changer et effectuer un sommaire décrassage.
Le train démarre, il est vingt heures trente quatre. Une longue nuit commence.
"Billet s'il vous plait" me demande en français le contrôleur. Et de poursuivre "Il est à vous ce vélo?" en désignant ma monture pendue à un crochet.
"Oui il est à moi, pourquoi?"
"Parce que, à partir de maintenant vous êtes en France, que le vélo voyage gratuitement, que nous ne sommes plus responsable si vous vous le faite voler, donc surveillez le bien.
Le couple de hollandais ayant saisi la conversation s'empresse d'aller cadenasser leur chère monture.
Nous passons la frontière, nous sommes en France. Un peu plus loin, des carcasses de voitures brûlées ont été abandonnées dans un terrain vague. Images déjà vues!
Le réseau de mon portable passe enfin. J'appelle mon épouse. Elle a horreur de conduire dans les grandes villes. Elle m'invite à rentrer comme je suis parti, en pédalant.
A l'arrivée à Lyon, en début d'après midi je n'ai plus qu'à remonter ma remorque et m'activer sous la chaleur revenue, pour rentrer au bercail. Il me reste quarante bornes, juste de quoi arrondir un peu le kilométrage.
Heureux qui comme...
a fait un beau voyage!

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