
HONGRIE
Pour atteindre Graz, il ne me faut qu'une demi- heure ce matin, pour couvrir les dix kilomètres qui séparent Lieboch de l'entrée de la ville.
Seulement, Graz est une ville d'importance. Deuxième ville d'Autriche, elle est également la capitale de la Styrie, et comme le vante certains panneaux publicitaires la capitale européenne de la culture.
Bien que la ville fasse elle aussi un gros effort pour les usagers en vélo, notamment par des pistes cyclables parfaitement entretenues, il ne m'est pas facile de trouver la sortie. En effet, pour trouver la route 65 qui doit me mener à Gleisdorf, c'est un peu la galère. Je dois demander plusieurs fois ma route.
Je prends le temps d'admirer cette ville située à 200 km au sud de Vienne, aux frontières de la Hongrie, de la Croatie, de la Slovénie et de l'Italie.
Une animation certaine malgré l'heure matinale, des monuments intéressants, des églises baroques, des façades rénovées, des ruelles moyennâgeuses, des vitrines alléchantes, des fleuristes charmantes et sympas (pratique pour demander son chemin), des bistrots et des weinstubs, des parcs où il doit faire bon se promener, enfin une ville qui me fait regretter de ne pas avoir poussé un peu plus loin hier soir.
Finalement, je me retrouve un peu plus au nord que prévu (malgré l'aide des fleuristes). Rien de bien grave, si ce n'est quelques kilomètres supplémentaires.

Avec délice je me replonge dans la campagne autrichienne, loin de la circulation des villes. Le relief s'est beaucoup adouçi. Fini les cols, voici la région des plaines.
Je retrouve le coup de pédale des plats pays. Celui qui me permet d'abattre des kilomètres sans trop d'effort. Il faut bien l'avouer, contrairement au puriste qui aime d'autant plus le vélo dès que la route s'élève, je préfère un relief plus soft.
Collectionner les ascensions comme d'autres les timbres ou les trophées de chasse ne m'intéresse pas. Le vélo, c'est simplement un moyen de me mouvoir, et non pas (ou plus), un objet me permettant de réaliser quelconques exploits.
Une étape où je franchis une frontière s'apparente toujours à une journée particulière. Surtout si celle- ci me conduit dans un pays aux us et coutumes différents de mon quotidien.
Le trajet le plus direct pour la région du Lac Balaton, passe par le poste frontière Heiligenkreuz-Rabafüzes.
Entre l'Autriche et la Hongrie il y a longtemps que le "Rideau de Fer" n'est plus un obstacle. Je passe sans problème le poste de douane. La ravissante blonde préposée aux "regards furtifs du passeport" me gratifie au passage d'un large sourire de bienvenue. Elle semble surprise de la différence entre la photo de mon passeport et la dégaine de l'individu qu'elle a en face d'elle.
Me voici dans la région de Pannonie, bordée au nord et à l'est par le Danube, au sud par la Dalmatie et à l'ouest par le Norique et L'Illyrie.

C'est une région essentiellement agricole notamment grâce à ses sols fertiles. La hauteur des maïs me laisse à penser que ce bassin entre les Alpes orientales et les Carpates subit des précipitations importantes.
La principale ville après la frontière, Körmend, se situe à environ trente kilomètres.
Je constate déjà une différence dans l'esthétisme entre les jolies demeures autrichiennes et les hongroises plus modestes et moins fleuries.
Les portails sont souvent rouillés ou peints avec des couleurs criardes. Les cours et jardins ne font pas non plus l'objet de toutes les attentions.
A Gasztony, je fais le change d' un billet de cinquante euro. Me voilà reparti, lesté d'une liasse de forints. Quatre euro environ équivalent à mille forints. Avec plus de 12000 forints en poche, j'ai l'impression d'être plus riche.
A Körmend, j'achète une bouteille de coca à l'épicerie locale. En remisant toute la panoplie des pièces en usage dans le pays, au fond de mon porte monnaie, j'en fais craquer les coutures déjà bien usées.
Il est temps de partir à la recherche d'un abri pour la nuit. L'aspect peu reluisant du petit hôtel de la ville me pousse à chercher une fois encore le camping le plus proche.
Mon niveau zéro, aussi bien dans la langue du pays que dans la langue de Gueute plus parlée ou comprise que l'anglais, ne facilite pas les choses.
Mon flair m'oriente à l'extérieur de la ville où je sens poindre une certaine animation. Des promeneurs vaquent vers ce que j'estime être un centre d'animation.
Des jeux, une piscine, des terrains de tennis tout pour distraire la jeunesse locale sont réunis sur cet espace. Seul manque le terrain de camping.
Pourtant, en poussant un peu plus loin mes investigations, je perçois un terrain clos où sont installées une dizaine de tentes, toutes identiques.

J'obtiens chaleureusement la permission de me joindre au groupe de canoïstes et kayakistes. Ceux- ci sont en stage et finissent de remiser leur embarcation après une journée passée sur la rivière qui borde la ville. 
L'ambiance ce soir là n'est pas à la mélancolie. Je suis invité à partager leur repas et surtout leur réserve de bière.

A l'heure de partir dormir je n'ai plus le courage de monter la tente. Je m'installe à l'abri, sur une chaise longue. Mes hôtes prennent soin de mon dos en m'offrant un tapis mousse épais et confortable.
Malgré leur musique très "rock and roll" je chavire dans un sommeil réparateur.

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