
AUTRICHE
J'ai tout lieu de croire que mon idée de m'arrêter dans ce stade était une bonne initiative. J'ai pû récupérer de quarante huit heures sans sommeil, vu l'épisode de la nuit précèdente. J'ai dormi comme jamais depuis mon départ.
"Araignée du matin, chagrin". J'espère que celle qui a élu domicile pour la nuit dans mes chaussures, ne me portera pas la poisse.
Quelques hectomètres après mon départ matinal, un joli petit lac me donne quelques regrets. J'aurais continué un peu hier soir, et j'aurais eu la chance de cotoyer son rivage accueillant. Et peut être aussi d'être bouffé par les moustiques alors, sans regret.

Après le lac de Feld Am See, voici celui d'Afritz. Je bifurque ensuite sur Arriach, petite route au pourcentage qui me tétanisent les cuisses. Arc bouté sur ma machine, je préfère finalement monter à pied.
La journée commence à peine et je me traîne à quatre kilomètres heures. Heureusement, la route redescend.

Dans les vertes prairies se détachent le blanc des bâches plastiques qui envellopent les ballots de paille.
J'imagine que l'herbe pousse trés vite dans ces régions de moyenne montagne souvent arrosées.

On peut difficilement trouver plus champêtre que ces paysages d'Autriche. Un véritable bonheur pour les cyclistes, loin de la circulation des grands axes. 
Quelques passages souffrent des intempéries hivernales, le gel et le dégel déformant la chaussée. A Himmelberg, je rejoins la route 95, prends à droite la petite ville de Feldkirchen puis à gauche la route 93.
Je la quitte pour une piste cyclable dans la forêt.

A cet instant, je pense aux sorties hivernales à vtt en compagnie de mon frère ou de mes amis Albert, Claude, et Henry. Comme j'aimerais leur faire découvrir ces superbes parcours!

Je me laisse tenter par un bain dans la rivière. Il faut dire que cela fait trois jours que ma toilette est des plus sommaire. Je me cuisine ensuite mes traditionnelles pâtes. Difficile de repartir mais la route me rappelle.
Cet intermède m'a quelque peu déconcentré. J'entends d'ici, les trois compères cités plus haut ricaner "la bonne excuse". En effet, je me suis perdu ou plus précisemment je tourne en rond.
Plus d'une heure et demi après avoir quitté Himmelberg me voilà revenu dans ce village. La bonne affaire! Cette fois, j'oublie la piste cyclable et file par la route, direct. 
Le temps change vite dans cette région. Sous le coup de midi, la pluie arrive. Comme elle ne dure jamais trés longtemps, je préfère partager un abris- bus avec trois couples de motards.
La pluie cessant, nous quittons ensemble notre abri. A Zweinitz, je prends conscience que nous sommes samedi, que mes provisions sont épuisées et que dans une heure tous les magasins ferment. En effet, le congé du week end est parfaitement observé dans ce pays. A dix sept heures, plus aucune boutique ne reste ouverte.
Deux kilos supplémentaires viennent s'ajouter dans ma remorque, juste de quoi tenir jusqu'à lundi.
A Althofen, commence l'ascension du Klippitztorl. Impossible de monter au sommet ce soir. Deux communes, successivement Guttaring et Lölling figurent sur ma carte.
Tranquillement, sous une température clémente j'entame l'ascension.
Lölling, marque la fin de l'étape. Ici, inutile de chercher un camping il n'y en a pas. Il faut que je trouve un endroit sûr pour la nuit. C'est certain, ce soir j'ai encore droit aux caprices du ciel.
Après quelques allers retours en pente, descente puis re-pente puis re-descente, mes conclusions sont claires.
Déjà, impossible de trouver un terrain plat et pas de possibilité de m'éloigner de la route car aucun chemin ne s'en écarte.
Seul, la Gastoff locale possède un espace enherbé, juste à côté d'une rivière. Autant dire, qu'en cas d'orage un peu violent, facilement inondable.
Tant pis, je demande l'autorisation de squatter le terrain au patron de l'établissement. La réponse affirmative, du jovial et sympatique aubergiste, me rassure.
Le temps de monter la tente, de cuisiner une boite de lentilles au paprika, de griffonner quelques notes sur mon carnet de route et l'orage éclate. Je m'en fous, je suis à l'abri...

Ce soir, t'as retrouvé le sourire , fifi!

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