Etape 15 :

         A huit heures précise comme prévu, le patron de la station service vient récupérer les clés de l'appartement mis à ma disposition. Nous sommes dimanche, sa fille voulait sans doute faire la grasse matinée. Ne parlant pas un mot ni d'anglais ni de français les adieux sont brefs.

         Sur une quinzaine de kilomètres je refais en sens inverse la route déjà empruntée la veille. A partir de Pet Mogili, je suis à nouveau sur une route inconnue.

         Je me rapproche d'une centrale nucléaire, ceci explique peut être pourquoi il n'y a vraiment personne dans les parages. La route passe à moins de cinquante mètres du réacteur, je ne m'attarde pas.

         Pourquoi venir rouler dans ces coins reculés où aucun touriste ne viendra, et pour cause il n'y a rien à voir. Rien n'est beau. La terre elle-même paraît brûlée, les villages sont mortellement ennuyeux, pas entretenus, les mauvaises herbes poussent de partout.

         Les habitants eux- même paraissent désoeuvrés, voir résignés.


         Dans le bar du village de Mudrets les conversations se font à voix basse. J'y entre pour me faire confirmer mon itinéraire. J'en ressors sans plus de précision et surtout sans échange avec la population qui n'en a rien à faire de mon problème. Barrière de la langue? Sans aucun doute, mais pas que cela.

         Mladinovo, autre village, anecdote identique. Je suis content de trouver un bar épicerie ouvert un dimanche après- midi. Les hommes jouent aux cartes, tout juste lèvent-ils la tête à mon entrée.
Une jeune femme me demande en anglais ce que je veux. Je commande une bouteille de coca et une bouteille d'eau. Depuis hier la canicule bien présente m'oblige à bien m'hydrater.
Alors que je m'apprête à repartir l'épicière vient me rejoindre. Curieuse elle veut savoir d'où je viens, où je vais, pourquoi en vélo, enfin les questions auxquelles j'ai droit habituellement.
Une fois de plus lors de ce voyage, je constate que le sexe féminin maîtrise beaucoup mieux les langues étrangères que son homologue masculin.

         En face de son magasin, des serres spécialement aménagées accélèrent le séchage de feuilles de tabac.

         Avant de quitter ce pays, je m'offre une dernière récréation en photographiant un des emblèmes de ce pays.

         La ville de Svilengrad avec ses vingt mille habitants s'affirme comme une ville d'importance par rapport aux villages traversés depuis deux jours.
Située sur les deux rives de la Maritsa, rivière si chère à Sylvie Vartan, elle se caractérise par le faite d'être à proximité de trois frontières: celles de la Bulgarie, de la Grèce et de la Turquie. La ville se trouve à 2 km au Nord de la frontière grecque, à 14 km au Nord-Ouest de la frontière turque, à 30 km au Nord-Ouest d'Edirne et à 265 km au Nord-Ouest d'Istanbul.
Si proche de la frontière pourquoi ne pas aller faire un petit tour chez les grecs?
Non, gardons l'objectif: Istanbul!

         A l'approche des postes frontières à Kapitan Andreevo, une file ininterrompue de camions se forme.

         En plein soleil, chaque chauffeur patiente plusieurs heures dans l'attente d'un tampon d'entrée ou de sortie du territoire.
Je me presse dans la file réservée aux automobilistes. Sans attendre, j'ai vite fais de passer entre les véhicules et de me présenter à la douane Bulgare. La préposée s'étonne de ne pas trouver de tampon d'entrée en Bulgarie sur mon passeport. Elle ne comprend pas qu'à Ruse aucun douanier ne se soit penché sur mon passeport. Un véritable casse tête pour elle qui doit enregistrer une sortie de territoire d'une personne qui n'a jamais été enregistrée par une entrée.
Le tampon s'abat enfin sur mon passeport. Elle me sourit et me souhaite un bon voyage. Ouf!
L'agent à la douane turque affiche un sourire avenant. Welcome in Turkia!

Ce poste frontière marque une transition entre le monde occidentale et l'Orient.

         Les minarets des mosquées remplacent les dômes et clochers de nos églises.

         L'écriture, même dans une langue étrangère me semble plus accessible, finit le cyrillique!
A quelques encablures d'Edirne, j'avise un duo de marcheur harnaché d'un sac à dos et qui se meut dans la même direction que moi.
En les doublant je me retourne et les salue amicalement. Leur réponse en français m'interpelle. Je freine et les attends. Un bref échange et nous décidons de nous mettre à l'ombre pour faire plus ample connaissance.

         L'un a l'habitude de voyager à pied, fils d'agriculteur dans la Drôme, il a négocié un petit congé sabbatique avant de reprendre la suite de l'exploitation familiale.
Ses parents âgés de soixante quinze ans attendent que leur fils veuille bien rentrer à la maison pour enfin goûter à un repos mérité. Pas trop pressé de rentrer dans la vie active ayant vu ses parents travailler toute leur vie sur l'exploitation, il préfère assouvir sa soif de découverte de pays.
         L'autre, musicien professionnel dans un groupe, profite du congé maternité de la chanteuse du groupe pour accompagner son camarade et concrétiser un rêve commun. Ils veulent rejoindre à pied, leur Drôme natale à Jérusalem. Partis en mars, ils ont déjà traversé nombre de pays européens notamment la Serbie, le Monténégro la Bosnie Herzégovine , la Croatie pays dont ils louent la générosité des habitants et leur sens de l'accueil.
         Ils se posent quelques questions sur le devenir de leur expédition face aux récents évènements au Liban. Ils viennent d'entrer en Turquie, leur prochaine destination étant la Syrie. De toute façon à la vitesse où ils progressent en marchant, ils ont le temps de voir venir.
        Voilà une heure que nous devisons ensemble, il est temps de repartir afin de trouver un toit pour la nuit. Si pour moi en vélo Edirne n'est plus qu'à quelques minutes, pour les deux acolytes il leur faudra une petite heure pour rejoindre le centre ville.
Nous nous quittons. Peut- être à ce soir?

         Je déniche facilement une chambre dans un hôtel vraiment bon marché. Pas le luxe mais je m'en fous un peu. Ce soir je pars visiter cette très belle ville qui compte environ cent mille habitants.
Edirne autrefois appelée Andrinople est la préfecture de la province du même nom. Elle aussi, est traversée par la Maritza.

         Mes pas me conduisent tout droit au plus bel ouvrage de la ville: la mosquée de Selim. Construite par Mimar Sinam entre 1568 et 1575, sous le règne de Selim II, il releva le défi que lui avait posé la coupole de Sainte Sophie à Istanbul: faire une coupole encore plus large. Défi relevé puisque son dôme fait deux mètres de plus en diamètre.
Je suis subjugué par ce chef d'oeuvre de l'art ottoman, notamment par la hauteur de ses quatre minarets possédant chacun trois balcons.
Sur les pelouses devant la mosquée, des familles profitent de la fraîcheur d'une belle soirée d'été pour dîner à l'extérieur.

         Memmet, jeune père de famille, de sortie avec son jeune fils et sa femme me sert de guide pour quelques précisions sur cet élégant édifice.

         Edirne est une ville très animée. Les restaurants, les kebabs nombreux proposent une nourriture simple et copieuse. Le patron de celui où je me suis arrêté vient me faire un brin de causette.

         Il m'offre un dessert, geste simple mais pas rare dans ce pays où l'accueil est une valeur sûre.

         Il se fait tard, la nuit est tombée. Je prends le temps de consigner quelques notes sur mon bloc, assis sur un banc. Les moustiques indésirables ont le don de m'irriter, non pas seulement la peau, mais aussi les nerfs. Je regagne ma chambre en espérant qu'ils ne seront pas trop nombreux à m'accompagner.


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Voyage-Glbecyclo-Aventure

Itineraire EST 2006

Dimanche 30/07/2006
Budapest

Lundi 31/07/2006
Budapest-Jaszapati
(120 km)

Mardi 01/08/2006
Jaszapati-Debrecen
(150 km)

Mercredi 02/08/2006
Debrecen-Satu Mare
(110 km)

Jeudi 03/08/2006
Satu Mare-Sighetu Marmatiei
(100 km)

Vendredi 04/08/2004
Sighetu Marmatiei-Borsa
(80 km)

Samedi 05 /08/2006
Borsa-Campulung Moldovenesc
(110 km)

Dimanche 06/08/2006
Campulung Moldovenesc-Targu Neamt
(110 km)

Lundi 07/08/2006
Targu Neamt-Gheorgheni
(130 km)

Mardi 08/08/2006
Gheorgheni-Teliu
(150 km)

Mercredi 09/08/2006
Teliu-Ploiesti
(110 km)

Jeudi 10/08/2006
Ploiesti-Ruse
(150 km)

Vendredi 11/08/2006
Ruse-Veliko Tirnovo
(120km)

Samedi 12/08/2006
Veliko Tirnovo-Radonovo
(120km)

Dimanche 13/08/2006
Radonovo-Edirne
(125km)

Lundi 14/08/2006
Edirne-Corlu
(140km)

Mardi 15/08/2006
Corlu-Istanbul
(135km)

Mercredi 16/08/2006
Istanbul

Jeudi 17/08/2006
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