Etape 5 : Satu Mare-Siguetu Marmatiei

 

        Quelle nuit! Malgré le confort de la chambre, j'ai passé une bonne partie de la nuit à chasser les envahisseurs. Oh certes on peut penser que ceux-ci n'étaient pas de taille à lutter contre un sportif entraîné à l'effort.
Que nenni! Voraces, rapides et surtout très nombreux qu'ils étaient. De la taille de quelques millimètres, ils ont anéanti ma nuit de sommeil qui se voulait réparatrice. Putain de moustiques! Ah ils doivent être repus à l'heure qu'il est. Mon corps porte encore les traces de cette lutte acharnée. Je suis couvert de bosses et suite à la séance de grattage qui a suivi, de griffures. Par contre au tirage j'ai marqué des points en pulvérisant contre les murs peints en blanc nombre de ces bestioles. A moins d'aimer ce genre de tags rouges, je pense qu'une nouvelle couche sera nécessaire.
En tout cas, n'ayant pas ma tenue de peintre je préfère m'éclipser.

       Partir le ventre vide est toujours frustrant. C'est là que je regrette de ne pas avoir de cartouche de gaz pour faire chauffer de l'eau et faire un bon grand café.
Celui que je prends parfois dans les bistroquets n'est pas très bon et surtout il est toujours ridiculement petit.

       Au kilomètre vingt- cinq dans la bourgade de Livada mon attention se porte sur une église récemment rénovée et où les jardiniers s'affairent à peaufiner les futurs espaces verts. Je suis quelque peu surpris du degré d'attention pour tout ce qui est édifice religieux. Hommes, femmes et enfants se signent quand ils passent devant les églises et pas seulement quand ils y pénètrent.

         A Negresti-Oas, la capitale du pays d'Oas, l'église orthodoxe est le monument le plus imposant de la ville.

         Dans le parc adjacent, les bancs et les poubelles peints dans des couleurs vives apportent une note de gaieté. Certes, certains n'ont plus connus depuis longtemps la caresse d'un pinceau et mériteraient d'avoir une couche de rafraîssement.
         Cette région d'Oas située dans une dépression au nord-est de la Roumanie, en Transylvanie, à la frontière avec l'Ukraine, dans le département de Satu-Mare, est une zone semi montagneuse à couverture boisée, bordée au sud et à l'ouest par la plaine de Tissa et de Somes.

       A la sortie de la ville la route s'élève quelque peu. C'est là que les nouveaux riches ont choisit de construire de somptueuses villas. Quel contraste avec d'autres villages visités ce matin tel Orasu Nou. Les meilleurs matériaux sont utilisés pour édifier ces bâtiments à deux étages, aux larges baies vitrées et fermés par des portails en fer forgés de toute beauté. Assurément l'élite de la région profite de cette situation privilégiée sur les hauteurs dominant la ville.

       Quelques kilomètres plus loin, le cimetière local semble abandonné tellement la végétation semble avoir pris le dessus. Sûr qu'à la Toussaint ce n'est pas le travail qui doit manquer.

         A Certeze au détour d'un virage, je vise mon premier panneau annonçant la proximité d'un monastère.

      Accroché au flanc d'une colline on y accède par un chemin pierreux. Tout de suite, je suis étonné par les matériaux utilisés pour la construction de cet édifice. Le toit en métal apporte de la lumière à cette journée au ciel si bas. Les murs en bois offrent au regard cette chaleur que cette matière sait mettre en évidence.


         L'entrée fleurie est une véritable invitation à pénétrer à l'intérieur du bâtiment. Je découvre alors la décoration de ces monastères de Roumanie.

         Très souvent les sols sont recouverts de grands tapis colorés.

         Comme à l'extérieur, le bois et le métal sont là aussi bien présents. Pas de chaises pour accueillir les fidèles qui doivent prier debout ou agenouillés.

        En ressortant, je m'approche d'un bâtiment jouxtant le monastère. Une jeune femme vit là à la belle saison s'occupant de l'entretien des lieux. Dans un anglais aussi approximatif que le mien elle m'explique que l'hiver est rude dans ces contrées et que personne ne vit ici à la mauvaise saison.
Ici, pas de commodité, non plus d'eau courante. Il faut rejoindre la route pour aller recueillir le précieux liquide à une fontaine. Occupée à faire la vaisselle, elle prend garde de ne pas en gaspiller. Cette jeune femme toute de noire vêtue respire la douceur, la sérénité, la pureté. Recherche-t-elle l'apaisement dans cet univers de quiétude ou plus sûrement consacre-t-elle une bonne partie de son temps à prier? En tous cas sa philosophie m'inspire le respect et me trouble. J'aimerais avoir toujours ce détachement face aux difficultés. Ses gestes lents mais précis inspirent la patience. Ici rien n'est simple, il faut aller chercher l'eau, peu de confort, pas de distraction. Pourtant rien ne semble la gêner.
A ces questions je répond en lui parlant de mon projet de voyage. Je regrette la barrière de la langue. J'aurais aimé converser plus longtemps.

         Je n'ose lui demander de la prendre en photo. Elle est déjà retournée à ces occupations quand je reprends la route.
Je la quitte rasséréné et bien décidé à profiter de mon voyage pour tenter d'atteindre ce détachement devant les obstacles.

        Dans la traversée des villages souvent les habitations sont protégées des regards par une barrière en bois. Devant chacune, assis sur un banc en bois, leurs occupants assistent tranquillement au spectacle de la rue. Les mamans tout en papotant filent la laine qui sert à confectionner soit des vêtements soit dans certaines demeures, des tapis. Ceux-ci sont achetés par des coopératives qui se chargent de les vendre.
Attiré par les mirabelles qui finissent de mûrir dans les arbres, je ne tarde pas à faire une autre rencontre sympathique.

         Je félicite une jeune femme de la quantité de fruits que porte son arbre. Quelle n'est pas ma surprise d'entendre sa réponse dans un français impeccable.
Ileana m'explique qu'elle est actuellement en vacances chez ses parents et qu'elle travaille à Paris comme femme de ménage.
Nombreux sont les jeunes roumains à vouloir gagner de l'argent en venant s'installer temporairement dans l'hexagone. Avec un visa touristique de trois mois, ils quittent leur pays, attirés par l'argent qu'ils peuvent gagner pendant ce laps de temps.
Le temps de revenir passer un mois chez eux et ils repartent soit en France soit en Italie.

        Son village, Sapanta, se trouve dans la région de Maramures, à environ vingt kilomètres de Sighetu Marmatiei le long de la rivière Tusa et de la frontière Ukrainienne. Assez rare pour être signalée, cette bourgade est surtout célèbre pour son cimetière baptisé " le cimetière joyeux " terme qui lui a été donné par un Français lors d'une visite. Ce cimetière étonnera le visiteur par ses couleurs éclatantes, il est l'oeuvre de Ioan Stan Patras qui tout au long de sa vie sculpta et repeigna les croix en bleu symbole d'espoir et de liberté. Il les décora de scènes de la vie quotidienne: personne jouant du violon, une autre tissant, ou bien encore en train de traire une vache, suivie d'une épitaphe souvent humoristique et pleine d'esprit.
Je n'ai appris l'existence de cette curiosité qu'un peu plus tard. Aussi, bien qu'ayant aperçu un panonceau signalant sa présence, j'ai occulté cette visite.

         De ce village, je retiens la visite du monastère. Peu de visiteurs en réalité, pourtant une certaine originalité se dégage de ce monument assez rustique.


        Le terme de cette étape, Sighetu Marmatiei est une ville typique de Maramures, la plus nordique de Roumanie à la frontière de L'Ukraine. Si ce n'était le problème de visa, ma curiosité m'aurait très certainement poussé à faire au moins une étape dans ce pays.

         Dorénavant, ma route emprunte un cap plein sud jusqu'à Istanbul. Pour ce soir, mon organisme n'en a rien à faire de ces considérations géographiques. Ce qu'il réclame c'est du repos.

         N'ayant aucune envie de dormir à l'hôtel dans une région aussi gâtée par la nature je décide de poursuivre quelques kilomètres. Tant qu'à faire je choisis la route que je dois emprunter demain.
Quelques atermoiements plus tard, je déniche un coin tranquille où passer la nuit. Le soleil brille encore en cette fin de journée. Pour me cacher des regards curieux des promeneurs, j'ai planté ma tente à l'écart du chemin, derrière un petit chalet inoccupé.

         Pourtant un visiteur ne tarde pas à me rendre une petite visite. Quatre pattes, couvert de poils blancs, l'intrus s'incruste devant l'entrée de mon petit chez moi. Vite rejoint par un congénère tout aussi sans-gêne, mes deux effrontés passeront la nuit à veiller.
Même la pluie qui s'est invitée tard dans la soirée ne les pertubes pas. L'orage me surprend dans mon premier sommeil.
Dans ces circonstances, que faire? Dans les précautions à prendre il est généralement conseillé de ne pas se tenir sous une tente, de s'isoler du sol en disposant des vêtements par exemple entre le sol et vous. Autres choses, il est conseillé d'écarter tout objet métallique d'au moins trois mètres, bâtons, parapluies, bicyclette.
Ce soir, je suis tellement fourbu que j'ai choisi de rester dans ma tente et d'attendre.
Finalement, une heure plus tard le coup de feu est passé. Je peux à nouveau goûter au sommeil du juste.


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