Etape 7 : Borsa-Campulung Moldovenesc

  

         Faute de neige, je quitte Borsa sans avoir eu le loisir de chausser les skis. Je fais un peu de change, bois un café "minuscule" appelé ici le cafea naturala , un "vrai" café préparé à la turque, servi avec une bonne couche de café moulu au fond de la tasse et une généreuse cuillérée de sucre, et me lance à l'assaut du Pasul Prislop.
Le soleil est revenu mais la luxuriance et le vert de la nature sont une belle preuve de la fréquence des précipitations.

        Je longe la rivière Viseu, qui constitue plus au nord une frontière naturelle entre la Roumanie et l'Ukraine.
Ici, le tourisme local apporte une belle manne financière à certains.

         Pour preuve de très belles maisons sont en cours d'achèvement.

         Par contre je suis sidéré par la simplicité et le peu de sécurité qu'offrent les échafaudages montés à la hâte.

         L'ascension du Pasul Prislop se fait sans aucune difficulté.
Sans doute n'en a t-il pas toujours été ainsi, mais le revêtement de la chaussée est satisfaisant. De plus ce col n'offre pas de pourcentage important.
Au sommet à 1416 mètres d'altitude le soleil a disparu derrière un épais manteau nuageux.

       Sur la droite de la route, une église est en construction. Avant de m'élancer dans la descente, une pause casse- croûte s'impose. Quelques tartines au miel devraient compenser les déperditions caloriques de l'ascension.

         Trois jeunes enfants de la communauté roms viennent quémander quelques lei. Comme je l'ai déjà fais, je préfère leur donner à manger.
Une tartine de miel à chacun, et voilà un beau sourire sur chacune de ces frimousses. Le plus petit est un spectacle à lui tout seul. Tandis que je m'apprête à enfourcher ma bicyclette, il essaye encore de résoudre les difficultés que lui posent les filaments du miel.

         Le passage au sommet du Prislop marque la transition entre les Maramures et la Bucovine.
La simplicité des maisons rurales très colorées a remplacée les austères maisons de bois.
De ce côté, la rivière Bistrita a remplacée la Viseu. Sur ses rives vivent de nombreux roms dans des conditions précaires.
Un village au nom assez marrant, Cârlibaba se présente à la sortie d'un virage. Il n'est pas loin de midi. Un arrêt à l'épicerie locale s'impose. Devant, sont garés trois vélos assez lourdement chargés. Trois cyclistes apparaissent dans l'encadrement de la porte de sortie.

         Ce couple d'origine Tchèque visite le nord de la Roumanie en compagnie de leur fils . Madame parle un anglais laborieux, du calibre du mien. Monsieur lui n'a gardé comme souvenir de son apprentissage de la langue de Shakespeare, que douze mots et demi. Quand à leur fils une demi douzaine de mots constitue son unique bagage dans une langue étrangère.
Pourtant nul besoin de grands discours pour converser quand on a une passion commune.

         C'est devant une bière fraîche pour l'un, ou une ciorba, sorte de soupe souvent relevée, aux légumes et aux boulettes de viande, pour mes accompagnateurs que nous nous relatons nos parcours respectifs.
Impossible de faire quelques kilomètres ensemble, nos routes étant opposées. Nous nous quittons.

         La pluie qui menaçait, se met à tomber drue maintenant.
Trouver un abri semble difficile et je profite de l'imposant feuillage d'un chêne pour recouvrir d'un plastique, mon sac qui se trouve dans la remorque.

         Les trous sur la chaussée sont vite remplis. Les rares véhicules à moteur, zigzaguent pour éviter les énormes nids de poule.
Imperturbable, je me raisonne en pensant à la maxime "après la pluie vient le beau temps".
Une demi heure plus tard, une constatation s'impose. Les maximes ont souvent quelque chose de vrai.

        La Bucovine est située au Nord Est de la Roumanie entre les Maramures et la Moldavie, c'est un paysage de collines et de vallées.
Depuis Cârlibaba j'ai l'impression de rouler dans un paysage de conte.

        A Ciocanesti notamment les maisons ont du être peintes par une bande de gnomes ou de stromphes dont l'imagination n'a d'égale que leur talent.
Ces habitations aux façades brodées de multiples motifs géométriques, se dessinent sur un fond où toute la palette des verts reste présente. De jolis rideaux sagement tirés préservent l'intimité de chaque foyer.

         L'architecture de ces maisons est unique et originale, même les clôtures, le toit des puits et les remises extérieures ont droits aux mêmes attentions.
Chaque maison dispose d'un jardinet attenant,
parfaitement entretenu.

         Dans un cadre bucolique et enchanteur comme sait l'offrir la Bucovine, comment rester insensible à la vue de cette imposante église orthodoxe aux clochers séparés?
Décidemment j'ai bien de la chance de pouvoir admirer de tels paysages!

         Lacobeni marque la fin de la route 18. Je bifurque sur la E576 direction Campulung Moldovenesc terme de l'étape.
Une petite difficulté se présente sous mes roues sous la forme d'un petit col le Pasul Mestecanis à 1098 mètres d'altitude.

         Au sommet, sur la gauche, un escalier mène à un refuge restaurant et juste à côté une gargote sert de quoi se rafraîchir ou se réchauffer c'est selon. Un peu plus loin, de l'autre côté de la route un hôtel un peu plus luxueux occupe le décor. Tous ces établissements vivent essentiellement du tourisme, notamment des randonneurs qui arpentent les nombreux sentiers muletiers visibles sur les flancs des montagnes environnantes.
En montagne le temps change très vite et la pluie maintenant se remet à tomber. La température a chutée de plusieurs degrés et je suis gelé.
En attendant que la pluie cesse je décide d'aller boire une boisson chaude à la gargote.
Un couple de vieux paysans achève leur bouteille de bière.
Un homme exerçant la profession de vendeur de pastèque et de prunes, dégoûté par le mauvais temps décide de remballer sa marchandise.
Il profite du sous- sol de la petite cabane pour ranger à la fois son matériel: deux tréteaux une balance et trois sacs plastique et ses fruits.
Sa tâche terminée il se rend sur le parking et ne tarde pas à se faire prendre en stop. Je remarque d'ailleurs que cette formule marche bien ici, car nombreux sont les piétons à lever le pouce et ils n'attendent que quelques minutes.
Plus d'une heure déjà que l'orage fait rage et aucune accalmie ne semble promise. Bien à l'abri calé derrière les vitres, j'observe le ciel à la recherche d'un signe d'amélioration.
Hélas, rien qui ne me laisse un semblant d'espoir. Tout est gris, la montagne suinte de partout.
J'enfile un maillot manche longue, un ciré, les jambières et hop me voilà dans la descente. Transis, je dois en plus faire face aux trombes d'eaux que me déversent à chaque passage les véhicules. Les trous sur la chaussée sont de véritables pièges pour mes frêles roues. Il ne manquerait plus que ça que je laisse une jante dans cette descente sur Campulung Moldovenesc.

         Mon entrée dans cette ville coïncide avec la fin de l'orage. Certes les rues sont détrempées, l'eau ruisselle de partout mais le ciel s'éclaircie quelque peu.
Une fois encore ce temps rend difficile la recherche d'un toit chez l'habitant. Crotté comme je suis je me vois mal quémander une nuitée, déjà j'imagine un peu ma tête mal rasé, les traits tirés et surtout je suis trempé jusqu'aux os. Et puis il n'y a pas foule pour m'accueillir.
Deux refus polis pour cause d'établissement complet, et puis, un peu en retrait de la route principale, je trouve enfin mon bonheur.

         A la pension Gentiane la propriétaire m'accueille en français. Son établissement s'avère très confortable, et parfait pour retrouver quelques forces après cette fin d'étape pluvieuse.

         Je profite avantageusement d'une salle de bain parfaitement équipée pour prendre un bain relaxant.
Incontestablement une très bonne adresse pour ceux et celles qui désirent tout simplement se relaxer dans un cadre privilégié.

Pensiunea Gentiana, street. Valea Seaca nr.19B
Campulung Moldovenesc, Suceava
tel/fax 0230 313165
e-mail: pensiunea-gentiana@go.ro
www.pensiunea-gentiana.go.ro

        La nuit est tombée, la fatigue aussi. Je décide de quitter mon nid douillet pour apaiser une fringale. Suivant les conseils de ma logeuse, c'est au central que je vais pouvoir découvrir "des plats simples mais copieux".
En effet, composé d'une clientèle plutôt jeune, ce petit restaurant situé en étage propose quelques spécialités locales. J'y déguste la mamaliga , sorte de version roumaine de la polenta italienne : une bouillie de farine de maïs cuite à l'eau, au four ou frite, que l'on parsème d'un peu de brânza , un fromage de chèvre très salé, et qui constitue le plat de résistance dans de nombreux foyers roumains. Un plat très roboratif qui permet de caler les grosses faims.
Je ne tarde pas à rejoindre le confort de la pension, autant en profiter et surtout récupérer, le voyage est encore long...


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Itineraire EST 2006

Dimanche 30/07/2006
Budapest

Lundi 31/07/2006
Budapest-Jaszapati
(120 km)

Mardi 01/08/2006
Jaszapati-Debrecen
(150 km)

Mercredi 02/08/2006
Debrecen-Satu Mare
(110 km)

Jeudi 03/08/2006
Satu Mare-Sighetu Marmatiei
(100 km)

Vendredi 04/08/2004
Sighetu Marmatiei-Borsa
(80 km)

Samedi 05 /08/2006
Borsa-Campulung Moldovenesc
(110 km)

Dimanche 06/08/2006
Campulung Moldovenesc-Targu Neamt
(110 km)

Lundi 07/08/2006
Targu Neamt-Gheorgheni
(130 km)

Mardi 08/08/2006
Gheorgheni-Teliu
(150 km)

Mercredi 09/08/2006
Teliu-Ploiesti
(110 km)

Jeudi 10/08/2006
Ploiesti-Ruse
(150 km)

Vendredi 11/08/2006
Ruse-Veliko Tirnovo
(120km)

Samedi 12/08/2006
Veliko Tirnovo-Radonovo
(120km)

Dimanche 13/08/2006
Radonovo-Edirne
(125km)

Lundi 14/08/2006
Edirne-Corlu
(140km)

Mardi 15/08/2006
Corlu-Istanbul
(135km)

Mercredi 16/08/2006
Istanbul

Jeudi 17/08/2006
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