Etape 2 : Budapest-Jaszapati

     

        Le temps de rassembler mon matériel et je quitte l'hôtel vers 7h30. J'ai pris soin de laisser en consigne mon sac, car il m'aurait été impossible de traîner mon matos sur les deux kilomètres qui séparent mon logement du magasin de cycle que j'ai repéré la veille.

        Pourquoi partir si tôt alors que l'heure d'ouverture affichée sur la porte du magasin est de 10 h.
Tout simplement en espérant que le patron désireux de s'avancer dans son travail devance l'horaire prévu.
Hélas, il est 10 h pétante quand il insère sa clef dans le cylindre du verrou. Deux heures à attendre devant son atelier, c'est long, très long. Impossible d'aller faire un tour avec un équipage handicapé.

        Enfin le mécano totalement hermétique aux langues étrangères se penche sur le malade. A voir sa mine renfrognée je me doute que le patient lui pose un problème.


        Dans sa caverne d'Ali Baba où trônent les plus beaux bijoux vélocipédiques et où se côtoie le gratin des marques du genre: Campagnolo, Shimano, Colnago, Mavic, Giant, j'ai bon espoir de dénicher ma perle rare.
        Arpentant de long en large les milles et un trésor de son atelier: roues à bâtons ou lenticulaires, selles cuirs des meilleurs marques (brooks), tiges de selles rainurées, pédaliers perforés, fourches carbones, matériels titanes, cadres plongeants, guidons triathlète, mon orfèvre en la matière reste muré dans un silence qui se veut peu rassurant.
        Tout à coup il sort d'un écrin plusieurs axes de roues.
Hélas en le comparant au mien il s'accorde à dire que les siens sont trop courts. Avant qu'il ne lâche l'affaire, je reprend le cours des évènements. C'est que le gaillard quelque peu défaitiste semble se désintéresser de l'équipage estropié.
        Je le remotive. Il ressort un axe classique qui convient, pour au moins redonner une fonction normale à la bicyclette. Cette fois elle peut rouler, reste à trouver une autre solution pour fixer la remorque.
Je lui fais remarquer qu'il y a deux trous percés sur les haubans qui vont de l'axe de la roue au tube horizontal reliant la selle au guidon.
Ses neurones fonctionnent à pleins régimes dorénavant. Euréka il a compris! Ses mains agiles ont maintenant pris le relais et le voilà furetant dans une bassine remplie de vis, d'écrous, de goupilles, de rondelles de tous diamètres.
        Après avoir fait le choix des prothèses il semble prêt pour l'opération de la dernière chance.
Sa dextérité fait plaisir à voir. Il jubile. Il reperce le cadre, fixe sur un côté la pièce que j'avais récupéré.
De l'autre côté il va confectionner un organe complet afin de pouvoir fixer les pattes de fixation de la remorque. Une dernière vérification et le visage ruisselant de sueur de mon chirurgien peut enfin sourire.
Il peut être fier, il a sans aucun doute sauvé mon voyage qui ne s'annonçait pas sous les meilleurs hospices.
Je remercie chaleureusement cet homme.
Son établissement peut s'avérer une adresse utile au cas où vous auriez un problème sur votre bicyclette.

NELLA Kerékpárüzlet

1054   Budapest,    Kálmán Imre utca 23. 
tel.: (1) 331 31 84     fax: (1) 473 16 86

        Sa large gamme et le choix des marques les plus prestigieuses dans le domaine des cycles n'ont absolument rien à envier à nos meilleurs vélocistes hexagonaux.

        Je rejoins l'auberge de jeunesse où j'ai laissé mon sac. Le temps de me changer et de faire le plein d'eau et me voilà sur la route. Enfin!

        Je jubile, tout le stresse de ces dernières vingt quatre heures se dilapide au fur et à mesure que je m'éloigne du centre ville. Mais pour quitter la ville et ses faubourgs il me faudra une bonne heure. Le soleil est au zénith, ça chauffe. Je quête une dernière fois un magasin qui vendrait des cartouches de gaz adaptables sur mon petit réchaud. Je n'ai pu en emporter dans l'avion. Après deux demandes infructueuses je renonce.
Finalement, je ne trouverais jamais ces cartouches tout au long de mon parcours. Par contre j'aurais tirer ce surplus de poids avec la passoire et la popote sur près de deux mille kilomètres. C'est ballot!

        Cet après midi je retrouve petit à petit les sensations que j'éprouvent quand je voyage. Ce sentiment de liberté, cette envie de respirer à plein poumon pour chasser les dernières vingt quatre heures et profiter enfin de cette escapade que j'attends depuis si longtemps.

        Certes les paysages ne sont pas sublimes, mais de cela je m'y étais préparé. La grande plaine de Hongrie, c'est plutôt de longues lignes droites et c'est tout plat. Quand le vent souffle favorablement il est facile d'accumuler des kilomètres.
Monor, Kava, Tapiobicske, Janoshida, autant de petits villages dont les noms reviennent à ma mémoire. Souvenirs des soirées d'hiver où je surlignais en vert le tracé de mon futur parcours.
Maintenant ce tracé je l'ai sous les yeux. Après avoir traversé tel ou tel patelin je l'élimine de ma mémoire, concentré que je suis sur le prochain.

        Un bruit impromptu trouble cet environnement si calme. Tous mes sens sont en éveil mais je n'arrive pas à déceler la provenance. Une légère déclivité de la route m'oblige à me mettre en danseuse. Déjà le cuissard irrite mon fessier peu aguerri cette année.
Le bruit se fait plus insistant. Stop! J'ai trouvé. Une des deux attaches de la remorque est complètement dévissée.

        Cet attache c'est celle d'origine, celle que j'ai pu récupéré et que le mécano de Budapest à visser sur le cadre. Enfin l'as t-il correctement vissé? Heureusement j'ai la bonne clé pour le faire.
C'est reparti, mais j'ai l'esprit encore perturbé par cet incident survenu à peine 80 km après l'intervention du mécano. Peut être que le filetage fait dans un tube alu laisse un jeu. Finalement je constaterai que ce n'était que le simple fait que le mécano n'avait pas assez serré. Sans doute était-il plus absorbé par la confection de la nouvelle pièce. Toujours est-il que tout tiendra finalement jusqu'à Istanbul.

        Le ciel s'obscurci, l'orage n'est pas loin. Je sais trouver un camping à dix kilomètres de là. Pas le temps d'y arriver que l'orage éclate. Je me mets à l'abri, plus pour mon équipement que pour moi même.
Trente minutes plus tard, si la pluie n'a pas totalement cessée, je peux reprendre la route en ayant pris soin d'envelopper mon sac dans le plastique bulle qui m'a servi à protéger le vélo dans l'avion.
A l'heure de l'arrivée, il fait déjà bien sombre pour monter la tente. Heureusement la pluie a été beaucoup moins violente ici, et elle a totalement cessée.

        Ce soir, je reste calmement au camping, Après avoir avalé un hot dog, quelques kartofens et une bonne bière je regagne rapidement ma tente.
Je me glisse au fond du duvet en pensant aux miens, à mes proches. J'occupe ma soirée à consigner les notes de mes deux premières journées. Bizarres sensations que celles de réutiliser un stylo pour noircir quelques pages. Habituellement à cette heure c'est plutôt le clavier que j'utilise pour converser sur tel ou tel forum.


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