Etape 17 :

         Il y a toujours une pointe de nostalgie quand vient la fin d'une belle équipée. Si ce n'est pas encore le moment de faire le bilan, il faut pourtant me résoudre à penser que ce périple de près de deux mille kilomètres touche à sa fin.

        C'est vraiment sans aucun regret que je laisse Corlu derrière moi. Je sens que je ne prendrais aucun plaisir lors de cette dernière étape. Chaleur, pollution, embouteillages, trafic dense, rien ne devrait m'être épargné.

        Rien, pas même une crevaison, la seconde!
Vite réparée, je repars de plus belle, espérant en terminer au plus vite avant les fortes chaleurs de l'après-midi. Si la première partie est relativement calme, la circulation à l'approche d'Istanbul devient plus importante.

        Le pire, c'est dans les raidars où les bus et camions ont tout autant de mal que moi pour se hisser au sommet. De grosses volutes noires s'échappent des pots d'échappement. Les contrôles anti- pollution doivent être rares ou très mal faits!

         Le bleu de la mer Marmara pointe à travers un paysage semi- urbains. Quel dommage que la côte soit si bétonnée! A certains endroits pourtant le littoral sans être protégé, semble plus humain et ne souffre pas trop de cette anarchie de constructions qui ne ressemble à rien.
Je profite d'un endroit que je n'oserais pas qualifier de paradisiaque, mais qui offre l'avantage de bénéficier d'une certaine mansuétude de la part des promoteurs immobiliers.

         Là où certains restent la journée à paresser, je me contente d'une demi-heure pour prendre un bol d'iode.

         Pour avoir une idée de ce qu'est une ville champignon, il suffit d'arriver par le nord d'Istanbul et de vouloir se rendre dans des quartiers comme Topkapi. Ce lieu est indiqué à près de trente kilomètres, mais on a l'impression de ne jamais y arriver.
Istanbul, l'ancienne Byzance, qui fut aussi Constantinople comptent officiellement 13 millions d'habitants sur un total de 60 millions pour la Turquie. Certains affirment que ce chiffre est loin de la vérité puisqu'il se situerait plutôt dans la fourchette de 15 à 16 millions.
Pourquoi alors Istanbul attire-elle autant de monde alors que le chômage ne cesse de croître ?

         Chaque année près d'un million d'habitants supplémentaires arrive dans l'ancienne capitale ottomane. Ils viennent d'Anatolie, notamment des bords de la mer Noire, où la misère chasse les hommes vers ce qu'ils espèrent être leur Eldorado. Autres nouveaux venus, les Kurdes, chassés du sud-est anatolien par la guerre.
Ainsi, Istanbul doit faire face à ce flux d'arrivants qui s'entassent dans des banlieues dîtes ouvrières. En réalité, plus de la moitié de la population « active » est au chômage et une partie des autres survivent grâce à de petits boulots ou du travail au noir, non déclaré et sans prestations sociales.

         Plusieurs sentiments à la fois, se mêlent et se démêlent, au fur et à mesure de l'arrivée imminente. Tout en restant concentré sur les risques inhérents à cette circulation démentielle, je jubile intérieurement en évoquant par la pensée mon parcours. Me dire que j'ai pu relier mon domicile, ma réalité quotidienne, à un lieu, une civilisation différente en un peu plus d'une trentaine de jours avec le moyen de locomotion que je préfère c'est me conforter avec l'idée, le but que je me suis fixé: celui d'atteindre la Chine par la route de la soie.
Byzance, Constantinople, Istanbul ! Nulle part au monde il n'est de cité qui ait porté trois noms à la fois.

         En longeant une des mille six cent mosquées que compte la ville, je termine mon périple 2006.
Pour l'avant dernière nuit je n'hésite pas à m'arrêter dans un hôtel confortable. La dernière je la passerais dans le hall de l'aéroport.
Le temps d'une bonne douche et d'une petite sieste réparatrices, et me voilà parti à la découverte d'Istanbul.
Pour ce soir il ne s'agit pas encore d'aller tutoyer l'histoire de cette ville, de ses mille et un secrets de cette porte de l'orient.

         Non, je pars visiter un quartier quelconque de la plus grande ville d'Europe. Côtoyer les commerçants, les ouvriers rentrants de leur travail, regarder des enfants jouer au football dans un parc, toucher du regard le quotidien de la population stambouliote.
Au hasard d'une rue peu animée, un bâtiment stimule ma curiosité. Une impression de rentrer dans un musée ou une salle d'exposition et surprise derrière une double porte vitrée un stade!

         Quelques sportifs s'entraînent autour d'une verte pelouse constamment arrosée. Parmi eux un groupe de jeunes femmes alignent les tours de piste. Il n'y aurait rien de surprenant à cela, si deux ou trois parmi elles étaient drapées dans une 'hijab' le vêtement islamique. Cette tenue que les fondamentalistes musulmanes adoptent à partir des années 1970 est constituée d'une robe longue et ample, jilbab, de couleur sombre et d'un voile, khimâra, également de couleur sombre, recouvrant entièrement les cheveux, couvrant également le cou, les épaules et la poitrine. Mais comment font-elle pour respirer, faire du sport par cette chaleur, habillées de cette façon?
Etonnant aussi le faite qu'elles soient chaussées de chaussures de sport de marque!
Je quitte le stade frappé par ces deux mondes qui se côtoie chaque jour en "apparente" bonne harmonie.
Au restaurant, j'en fais une fois encore la constatation. Des jeunes filles en jean taille basse et décolletées discutent avec d'autres jeunes filles vêtues plus traditionnellement.
         Demain, je ne ferais pas totalement relâche avec ma bicyclette. Elle me servira encore comme moyen de déplacement pour visiter Istanbul et notamment le quartier de la mosquée bleue, la basilique Sainte Sophie et le quartier Topkapi.
Ce haut lieu touristique se trouve encore à près de sept kilomètres de l'hôtel.
Istanbul est si grand!


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Voyage-Glbecyclo-Aventure

Itineraire EST 2006

Dimanche 30/07/2006
Budapest

Lundi 31/07/2006
Budapest-Jaszapati
(120 km)

Mardi 01/08/2006
Jaszapati-Debrecen
(150 km)

Mercredi 02/08/2006
Debrecen-Satu Mare
(110 km)

Jeudi 03/08/2006
Satu Mare-Sighetu Marmatiei
(100 km)

Vendredi 04/08/2004
Sighetu Marmatiei-Borsa
(80 km)

Samedi 05 /08/2006
Borsa-Campulung Moldovenesc
(110 km)

Dimanche 06/08/2006
Campulung Moldovenesc-Targu Neamt
(110 km)

Lundi 07/08/2006
Targu Neamt-Gheorgheni
(130 km)

Mardi 08/08/2006
Gheorgheni-Teliu
(150 km)

Mercredi 09/08/2006
Teliu-Ploiesti
(110 km)

Jeudi 10/08/2006
Ploiesti-Ruse
(150 km)

Vendredi 11/08/2006
Ruse-Veliko Tirnovo
(120km)

Samedi 12/08/2006
Veliko Tirnovo-Radonovo
(120km)

Dimanche 13/08/2006
Radonovo-Edirne
(125km)

Lundi 14/08/2006
Edirne-Corlu
(140km)

Mardi 15/08/2006
Corlu-Istanbul
(135km)

Mercredi 16/08/2006
Istanbul

Jeudi 17/08/2006
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